Des centaines d'étudiants iraniens ont manifesté dimanche pour protester contre l'emprisonnement de certains de leurs camarades après que le ministère des Renseignements eut annoncé la veille des arrestations à l'Université de Téhéran.
Les manifestants étaient affiliés au Bureau de consolidation de l'unité (BCU), une organisation d'étudiants réformateurs, selon l'agence Fars.
Un membre du BCU, Mehdi Arabchahi, qui participait à la manifestation, a dit à l'AFP qu'elle avait rassemblé au moins un millier d'étudiants.
Des photos de l'agence Isna ont montré plusieurs centaines d'étudiants défilant avec des pancartes hostiles au gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad.
Le ministère des Renseignements avait annoncé samedi avoir arrêté un nombre non précisé de personnes qui utilisaient "de fausses cartes d'étudiants" en vue de tenir une manifestation "illégale" à l'université.
Selon le ministère, ces personnes "ont été convoquées par des groupes politiques déviants et hostiles au régime afin de créer des troubles à l'université".
M. Arabchahi a ajouté que les manifestants avaient "demandé la libération des étudiants emprisonnés, protesté contre la politique répressive (du gouvernement, ndlr) et aussi défendu l'égalité des droits pour tous les Iraniens".
Les étudiants ont crié des slogans contre le gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad et réclamé la libération de trois étudiants de l'Université Amir Kabir, arrêtés en mai et condamnés récemment à des peines de prison, a aussi rapporté Fars.
L'agence officielle Irna, qui passe d'ordinaire sous silence de tels évènements, a fait état de la manifestation, dont les participants ont selon elle "endommagé une porte d'accès à l'Université et permis ainsi à des non-étudiants d'y entrer".
M. Arabchahi a confirmé que les manifestants, dont certains venaient d'autres villes du pays, ont forcé l'une des portes d'accès au campus, "qui étaient fermées depuis le matin, avec un contrôle des cartes d'étudiants".
Des photos de l'agence Isna ont montré des étudiants en train de tordre les barres en fer d'un des portails de l'établissement.
Irna a précisé que des forces anti-émeutes présentes en dehors de l'enceinte avaient observé la manifestation sans intervenir.
Selon l'agence Fars, des étudiants progouvernementaux ont organisé une contre-manifestation devant le siège du pouvoir judiciaire dans le centre de Téhéran.
Ces manifestants, dont l'un portait une pancarte au nom des "étudiants bassidjis", la milice islamique du régime, ont demandé aux autorités d'interdire les manifestations des réformateurs.
"Nous condamnons les manifestations des libéraux à l'Université de Téhéran, qui sont soutenus financièrement et moralement par l'opposition et les ennemis", a dit un manifestant cité par l'agence.
Il s'est dit "étonné que de telles personnes ne soient pas sanctionnées, alors qu'elles deviennent plus audacieuses chaque jour".
Des universités iraniennes, particulièrement à Téhéran, ont été récemment le thétre de plusieurs manifestations contre le pouvoir.
Le centre iranien des défenseurs des droits de l'Homme, dirigé par la prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, a jugé dans son dernier rapport publié fin novembre que le gouvernement de M. Ahmadinejad avait accentué sa répression contre les étudiants, enseignants et syndicalistes.
Trois responsables étudiants de l'université Amir Kabir ont été emprisonnés en mai pour la parution d'images présentées comme anti-islamiques dans des publications réformatrices, ce qu'ils ont nié.
Ils ont été condamnés à la mi-octobre à des peines de deux à trois ans de prison pour "atteinte à la sécurité nationale et insulte aux valeurs sacrées et aux dirigeants".
(AFP)