INU – Le régime iranien a souvent utilisé des moyens détournés pour négocier la libération de prisonniers étrangers en Iran, mais la récente offre publique concernant des citoyens américains et européens, détenus dans des prisons iraniennes, par le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, à l’occasion de l’Asia Society de New York est absolument sans précédent, selon le politologue Majid Rafizadeh.
Zarif a déclaré : « Je mets cette offre sur la table, publiquement, maintenant. Échangeons-les. Toutes ces personnes qui sont en prison aux États-Unis, sur demande d’extradition émanant des États-Unis… Échangeons-les… J’ai le pouvoir de le faire. Nous avons informé le gouvernement des États-Unis il y a six mois que nous étions prêts ».
Il y a une inexactitude importante dans cette déclaration. En tant que membre de l’exécutif, Zarif n’a pas le pouvoir de fairece genre d’offres aux gouvernements étrangers. Cela relève uniquement du chef du pouvoir judiciaire, nommé par le guide suprême Ali Khamenei. Zarif a admis ne pas avoir cette compétence de faire libérer des prisonniers lorsqu’il a été interrogé sur les scientifiques de l’environnement détenus en Iran, affirmant que le pouvoir judiciaire était « indépendant » et qu’il était « suffisamment occupé à prévenir les guerres et les pressions économiques ».
Alors, comment se fait-il que Zarif ait le pouvoir de libérer certains prisonniers mais pas d’autres ? Après tout, les huit écologistes, arrêtés sur des accusations aussi vagues que « propagation de la corruption sur la Terre », ont reçu le soutien d’organisations de défense des droits humains et de parlementaires européens réclamant leur libération, mais l’Iran n’a pas réagi. Un scientifique, Kavous Seyyed-Emami, à la double nationalité canado-iranienne, est décédé dans des circonstances suspectes alors qu’il était en prison et suite à quoi, le régime a prétendu qu’il s’agissait d’un suicide.
Parmi les ressortissants étrangers détenus en Iran figurent :
Nazanin Zaghari-Ratcliffe, travailleuse humanitaire anglo-iranienne
Michael White, ancien combattant américain des Marines
Xiyue Wang, étudiante à l’université de Princeton
Les hommes d’affaires américains Baquer et Siamak Namazi
La vérité est, bien sûr, que Zarif a le pouvoir de libérer seulement des prisonniers qui, selon Khamenei, lui permettraient d’obtenir des concessions de la communauté internationale. Le régime iranien utilise les otages comme des pions pour avoir plus de poids contre d’autres gouvernements, ce qui est vrai depuis la prise de contrôle de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979, durant laquelle 52 Américains ont été retenus en otages pendant 444 jours.
Majid Rafizadeh a déclaré : « En un mot, le régime iranien utilise à nouveau des ressortissants étrangers en otagespour faire chanter d’autres gouvernements. Il incombe à ces pays de ne pas se soumettre au jeu de prise d’otages de Téhéran. Accepter les conditions de l’Iran ne fera qu’encourager et renforcer ce régime ».
Source : INU