AFP, Téhéran, 10 août – Le plus emblématique des prisonniers politiques iraniens, Akbar Ganji, était toujours en grève de la faim mercredi, contrairement à ce qu'affirme la justice conservatrice, a dit sa femme à l'AFP.
"Je démens fermement qu'il ait cessé sa grève de la faim", a dit Massoumeh Shafiie, réagissant à des affirmations de la justice.
Akbar Ganji en serait donc à son 61ème jour de grève de la faim pour obtenir sa libération sans conditions. Mais les informations deviennent de plus en plus partielles, la justice refusant à ses parents et ses avocats de l'approcher.
"S'il avait cessé sa grève de la faim, ils m'auraient laissé le voir pour que je l'annonce moi-même", a déclaré Massoumeh Shafiie, qui le presse elle-même de recommencer à s'alimenter mais dit ne pas l'avoir vu depuis neuf jours.
"A chaque fois que son état se détériore, ils le remettent sous perfusions, mais il refuse obstinément de prendre de la nourriture", a-t-elle dit.
Le porte-parole de la justice Jamal Karimi-Rad a affirmé mardi qu'Akbar Ganji avait mis fin à son mouvement.
"Malheureusement, on ne m'a pas donné la permission de voir Ganji depuis qu'il a entamé sa grève de la faim, je ne peux donc rien dire à ce sujet", a déclaré à l'AFP le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, qui est l'un de ses avocats.
Un des responsables de l'hôpital Milad de Téhéran où il est hospitalisé, Sirus Tabesh, a déclaré qu'Akbar Ganji refusait toujours de manger: "Son état n'a pas évolué, ni en bien ni en mal, mais si la situation se prolonge, cela va devenir dangereux", a-t-il dit selon l'agence semi-officielle Ilna.
L'attitude de défi du dissident et la mobilisation en sa faveur ont crispé la justice.
Des agents de la justice ont fait irruption et fouillé, lundi matin, le domicile de M. Ganji, attachant sa femme au lit, coupant les lignes téléphoniques et saisissant quantité de documents, selon son épouse.
Akbar Ganji, 46 ans, a été condamné en 2001 à six ans de prison après un article mettant en cause plusieurs dignitaires dans une série de meurtres d'intellectuels et d'écrivains.
Akbar Ganji a été transféré le 17 juillet de sa prison à l'hôpital pour y subir, selon la justice, une opération au ménisque. Il reste sous étroite surveillance et rien n'indique qu'une opération ait effectivement été pratiquée.