CSDHI – La justice a condamné à mort un prisonnier politique arrêté lors du soulèvement de novembre 2019. Elle a accusé le prisonnier politique, Abbas Shelishat, du meurtre présumé d’un agent du régime du nom de Reza Sayyadi.
M. Shelishat, 45 ans, a deux enfants. Il est un habitant de Jarrahi, dans le port de Mahshahr. Les forces de sécurité l’ont arrêté, lui et son frère, fin novembre 2019.
Accusation du meurtre d’un pasdaran, sur la base d’aveux forcés
Selon des témoins oculaires, le capitaine Reza Sayyadi était le commandant des pasdarans et de l’unité des gardiens spéciaux (NOPO) qui a ouvert le feu sur les manifestants le 18 novembre 2019. Au cours de la fusillade, quelqu’un a tiré sur Reza Sayyadi dans le dos.
Le prisonnier politique Abbas Shelishat a été accusé d’avoir tué Reza Sayyadi. Ses interrogateurs l’ont torturé pour lui extorquer ces faux aveux, sur la base desquels il est aujourd’hui condamné à mort.
Ce n’est pas la première fois que le régime clérical condamne un manifestant à mort sur la base de faux aveux extorqués sous la torture.
Les autorités iraniennes ont exécuté Navid Afkari selon une procédure similaire dans la prison d’Adelabad à Chiraz le 12 septembre 2020. Il n’y avait aucun autre document criminalisant contre Navid, à l’exception de ses faux aveux extorqués sous la torture.
Aucune preuve, juste des aveux obtenus sous la torture
Selon le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, article 14.3-g, nul ne peut être contraint de témoigner contre lui-même ou de s’avouer coupable.
Toutes les séquences vidéo et les images du soulèvement du 18 novembre 2019 dans diverses parties de Mahshahr, y compris Jarrahi, indiquent que les manifestants n’étaient pas armés. Ils ont affronté les troupes gouvernementales avec des pierres. Tandis que les pasdarans et les gardes spéciaux du NOPO ont utilisé divers types de fusils automatiques pour tirer sur les manifestants.
Finalement, ils ont forcé les manifestants à s’enfuir vers les marais de Mahshahr où ils les ont abattus.
C’est la première fois après deux ans que le nom d’Abbas Shelishat (Deris) est mentionné alors qu’aucune image ne prouve qu’il a tiré sur les forces de sécurité à Mahshahr.
L’ONU gravement préoccupée par le recours à la torture
Le 17 novembre 2021, la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution dans laquelle elle s’est déclarée gravement préoccupée par » la fréquence alarmante de l’imposition et de l’application de la peine de mort par la République islamique d’Iran, en violation de ses obligations internationales, y compris les exécutions de personnes sur la base d’aveux forcés ou pour des crimes qui ne sont pas considérés comme les crimes les plus graves, notamment les crimes dont la définition est trop large ou trop vague, en violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Elle se déclare préoccupée par le mépris persistant des garanties internationalement reconnues, y compris les exécutions entreprises sans notification préalable des membres de la famille du prisonnier ou de son avocat, comme l’exige la loi iranienne. La commissions de l’AG de l’ONU demande au gouvernement de la République islamique d’Iran d’abolir, en droit et en pratique, les exécutions publiques, qui sont contraires à la directive de 2008 visant à mettre fin à cette pratique émise par l’ancien chef du pouvoir judiciaire. Elle ajoute qu’il faut envisager d’instaurer un moratoire sur les exécutions. «
Enfin, un tribunal international pour juger le crime contre l’humanité de novembre 2019
Le tribunal Aban des atrocités en Iran s’est réuni à Londres du 10 au 14 novembre 2021. Ce tribunal international populaire a entendu les témoignages de nombreux manifestants, des personnes arrêtées et des proches des victimes tuées lors des manifestations en Iran en novembre 2019. Ils ont révélé des détails choquants sur le mécanisme de répression, de torture et de meurtre des manifestants par les forces de sécurité du régime iranien. Certains experts du droit international ont déclaré que le massacre de novembre 2019 en Iran est un crime contre l’humanité.
Le témoin 245, qui voulait rester anonyme, a déclaré au tribunal populaire que les ambulances transportaient les blessés au poste de police plutôt qu’à l’hôpital. Plusieurs jeunes hommes de moins de 20 ans avaient utilisé un objet de 12 mètres comme bouclier et jeté des pierres par derrière. Les forces de sécurité ont ouvert un barrage de balles sur eux, faisant exploser la tête de l’un et blessant un autre.
L’ouverture d’un barrage sur des civils innocents et désarmés dans les marais de Mahshahr le 18 novembre 2019 est l’un des exemples de ce crime contre l’humanité.
Source : Iran HRM