CSDHI – Le lac d’Ourmia se trouve dans le nord-ouest de l’Iran, entre les provinces de l’Azerbaïdjan oriental et occidental.
L’un des plus grands lacs hypersalins naturels au monde
Étant l’un des plus grands lacs hypersalins naturels permanents au monde, il était la plus grande masse d’eau salée intérieure du Moyen-Orient. Avant 1989, le lac couvrait une superficie d’environ 6 000 km2 et contenait environ 30 000 millions de m3 d’eau. La longueur du lac varie de 130 à 146 km, tandis que sa partie la plus large est de 58 km. La partie la plus étroite, située au milieu de la montagne Zanbil et de l’île Shahi, est de 15 km. La superficie du bassin du lac est de 52 355 km2. Le lac d’Ourmia compte 102 petites et grandes îles, la plus grande étant l’île Goyondaghy avec 2,3 km2, et est la seule île où l’on trouve de l’eau douce.
L’eau qui doit se déverser dans le lac d’Ourmia est détournée par les autorités iraniennes privilégiées
Les principales sources d’eau aboutissant dans le bassin du lac d’Ourmia, en plus de nombreuses sources naturelles, étaient Zarriné-Rūd, Simineh-Rūd, la rivière Mahabad, la rivière Godar, la rivière Barandouz, la rivière Shahar, la rivière Nazlou, la rivière Zola, Kaftar Ali Chay, Aji Chay, Boyuk Chay, Rudkhaneh-ye Qal’eh Chay, Qobi Chay, Rudkhaneh-ye Mordaq, la rivière Leylan et la rivière Alamloo. Aujourd’hui, de nombreux barrages construits par les pasdarans bloquent l’écoulement de ces rivières vers le lac d’Ourmia. L’eau qui entre dans le lac d’Ourmia est uniquement constituée des précipitations et du ruissellement des rivières qui s’y jettent. Comme il s’agit d’un lac à bassin fermé, son niveau d’eau fluctue en fonction des variations des précipitations. L’eau qui atteint le lac ne fait que s’évaporer. L’eau qui est censée se déverser dans le lac est détournée pour être utilisée par des personnes privilégiées, telles que des autorités religieuses, des industries et des usines appartenant aux pasdarans, des fermes ou des entités appartenant à des fondations religieuses sous la supervision du Guide suprême de l’Iran. Cette dynamique a entraîné de profonds changements dans le lac.
La superficie du lac d’Ourmia a diminué de 90%
Le lac d’Ourmia avait autrefois une importante valeur culturelle, économique, esthétique, récréative et scientifique. Aujourd’hui, la superficie du lac a diminué de 90 % au cours des dernières décennies. Historiquement, le lac attirait les oiseaux migrateurs, notamment les flamants roses, les pélicans, les canards et les aigrettes. L’assèchement ou la dessiccation détruit le réseau alimentaire local, en particulier la destruction de l’un des plus grands habitats naturels au monde de la crevette saumâtre Artemia, une espèce robuste qui peut tolérer des niveaux de salinité de 340 g/l, plus de huit fois plus salés que l’eau de l’océan.
La salinité a fortement augmenté
Le lac a été menacé par de multiples activités anthropiques, notamment l’augmentation de l’activité agricole, l’expansion urbaine, la construction extensive de barrages et les modifications du système lacustre, notamment la construction d’une chaussée, ainsi que par de graves sécheresses induites par le changement climatique. En outre, le creusement d’un trop grand nombre de puits profonds a entraîné l’exploitation massive des aquifères. En conséquence, la salinité du lac a fortement augmenté, ce qui perturbe les écosystèmes, l’agriculture locale, les moyens de subsistance et la santé régionale, ainsi que le tourisme. Il est très important d’identifier les facteurs occasionnels responsables pour développer des stratégies contre ce terrible processus de déclin.
Les effets sociaux, économiques et psychologiques de l’assèchement du lac d’Ourmia sur l’homme sont peut-être encore plus complexes. Le lac attirait autrefois des visiteurs venus de près ou de loin, certains croyant en ses propriétés thérapeutiques. Aujourd’hui, le lac d’Ourmia s’est transformé en un vaste lit de sel et en une terre stérile blanche où les bateaux échoués sont une image frappante de ce que l’avenir peut réserver.
Un vaste lit de sel qui a de terribles conséquences sur les terres agricoles
La dessiccation a augmenté la fréquence des tempêtes de sel qui balaient le lit du lac exposé, diminuant la productivité des terres agricoles environnantes et encourageant les agriculteurs à partir. La mauvaise qualité de l’air, de la terre et de l’eau a de graves effets sur la santé, notamment sur les voies respiratoires, divers cancers et des maladies oculaires.
Les tempêtes de sel sont une menace émergente pour des millions de personnes dans le nord-ouest de l’Iran, et même jusqu’à Téhéran, grâce à la catastrophe du lac d’Ourmia. Autrefois l’un des plus grands lacs salés du monde, Ourmia ne représente plus qu’un dixième de sa taille d’antan. À mesure que l’eau se retire, de vastes marais salés sont laissés à la merci du vent. Ces tempêtes sont de plus en plus salées et se produisent désormais plus souvent, même pendant les saisons froides et pluvieuses de l’année.
Les tempêtes de sel constituent une menace directe pour la santé respiratoire et la vue des personnes vivant dans les zones rurales et urbaines autour du lac d’Ourmia. L’augmentation de la salinité des sols réduit le rendement des cultures agricoles et des vergers cultivés autour du lac. Le lac a tellement rétréci que la navigation de plaisance n’est plus possible, ce qui entraîne une perte du tourisme et de nombreuses activités économiques.
Le destin du lac d’Ourmia sera-t-il celui de la mer d’Aral ?
D’une certaine manière, cette histoire est sinistrement familière. Après des décennies de développement acharné, au cours desquelles les préoccupations environnementales ont rarement été prises en compte, le destin d’Ourmia peut ressembler de très près à celui de la mer d’Aral et du lac Popoo en Bolivie, ou d’une série d’autres masses d’eau autrefois impressionnantes, aujourd’hui très réduites.
La disparition tragique de la mer d’Aral en Asie centrale constitue un précédent effrayant. La mer d’Aral a disparu en raison du détournement de l’eau de ses affluents, les fleuves Amu Darya et Syr Darya, à des fins agricoles. La mer d’Aral est devenue la marque de la pauvreté de l’agriculture.
Source : Iran News Wire