CSDHI – Aveu rare en dictature, qui plus est dictature religieuse, un millier de profs dorment en prison en Iran. Le fruit des rafles lors des manifestations enseignantes qui secouent l’Iran depuis l’an dernier. L’information a été lâchée par un responsable du ministère de l’Enseignement à l’agence officielle Irna le 12 aout.
Si l’agence l’a tout de suite publié, c’est parce que la colère monte et que les manifestations se multiplient. Alors autant faire peur et à une grande échelle. Seulement, plus il y a d’arrestations, et plus il y a de manifestations.
Dans un communiqué, le CNRI explique que : Au lendemain des manifestations massives des enseignants en mai dernier, Esmaïl Abdi, Secrétaire général de l’Association des enseignants iraniens, avait été menacé d’arrestation par les services de renseignement (le Vevak) et sommé, en vain, de faire cesser le mouvement. Le syndicaliste iranien a été arrêté le 27 juin alors qu’il s’apprêtait à quitter le territoire pour un congrès international de l’enseignement au Canada. Son avocat a été empêché de communiquer avec lui.
Rassoul Bedaghati, emprisonné depuis 2009, n’a toujours pas été libéré bien qu’il ait terminé sa peine le 6 août et le Vevak a trouvé de nouveaux prétextes pour le maintenir en prison. D’autres enseignants coupables d’avoir milité pour leurs droits et la fin des injustices, sont derrière les barreaux depuis des années en Iran, notamment Ali-Akbar Baghani, Mahmoud Bagheri, Alireza Hachemi ou Abdolreza Ghanbari. Plusieurs enseignants engagés ont également été condamnés à l’exil, au licenciement ou à la réduction de salaire.
Alors que le pillage des richesses du peuple iranien et la corruption des dirigeants font chaque jour scandale et alimentent la guerre intestine des factions du régime, le salaire des enseignants n’est que d’un million de tomans, alors que le seuil de pauvreté est estimé à 3,7 millions de tomans.
Le 22 juillet, lors de nouveaux rassemblements devant le Majlis, les enseignants avaient réitéré leurs revendications sur des pancartes: « Non à la prison, non aux menaces, non au licenciement », « Libérez les enseignants emprisonnés », « La place de l’enseignant n’est pas en prison », « Il faut garantir la sécurité des enseignants », « La dignité et la subsistance sont nos droits légitimes », « du pain, un logement et la dignité », « Il faut assurer l’avenir des enseignants », « Libérez les prisonniers politiques», « nous exigeons des salaires supérieurs au seuil de la pauvreté », « M. Rohani, il faut douter de ta justice ! », « La faim jusqu’à quand ? », « L’humiliation sociale et économique des enseignants jusqu’à quand ? », « Nos salaires ne sont pas compatible avec l’inflation accablante », « Nous exigeons la fin des discriminations à l’éducation nationale », « L’enseignant est debout et récuse les discriminations », « Mieux vaut mourir debout que d’accepter les discriminations ».