The Hill – Il semble que le président iranien Hassan Rohani participera de nouveau à l’Assemblée générale annuelle des Nations Unies à New York.
Mais quand il arrivera cette année, ce sera dans des circonstances très différentes, tant au niveau national et qu’international.
Sa présence présente une grande opportunité de défier Rohani et ses comparses dans leur bilan des droits humains et leurs soi-disant modération. Sa venue cette année aura lieu dans un climat sans précédent de sensibilisation sur le rôle de son gouvernement dans des crimes antérieurs.
Un événement en particulier, est le sujet de toutes les attentions des Iraniens, des militants en exil et leurs partisans étrangers. Au début du mois d’août, un enregistrement audio a été mis sous le feu des projecteurs par le fils d’un ancien religieux de haut rang, Hossein-Ali Montazeri. L’ancien ayatollah était l’héritier du fondateur de la République islamique dans les années 1980, mais il a été évincé de son poste et du régime en raison du contenu de l’enregistrement.
Sur la bande audio de 1988, on entend la voix de Montazeri qui reproche à quatre autres responsables leur implication dans le massacre des prisonniers politiques qui a eu lieu cet été-là. Plus de 30 000 opposants ont été tués. Les propos longtemps cachés de Montazeri confirment ce récit, et plus spécifiquement certains détails très choquants de la procédure, comme l’exécution d’adolescentes et de femmes enceintes. Beaucoup ont été condamnés pour seulement des expressions de sympathie vis-à-vis de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI). Le groupe est le plus grand et le mieux organisé des mouvements d’opposition démocratiques en Iran et favorise une république laïque et non-nucléaire en Iran.
L’une des personnes entendues sur l’enregistrement 1988 est aujourd’hui le ministre de la Justice de Rohani, Mostafa Pour-Mohammadi, qui était le représentant du ministère du Renseignement dans la « commission de la mort » de Téhéran, qui a tenu les procès de quelques minutes pour déterminer lesquels des prisonniers politiques seraient mis à mort. Sur l’enregistrement, Pour-Mohammadi défend ardemment les activités que Montazeri décrit comme le « pire crime de la République islamique ». Et aujourd’hui, il qualifie le massacre de mise en oeuvre du « commandement de Dieu » concernant l’OMPI.
Parlant à des responsables provinciaux, Pour-Mohammadi s’est dit « fier » d’avoir participé au carnage. Son attitude impénitente à propos de la responsabilité d’un crime contre l’humanité souligne le paradoxe de son rôle comme ministre de la justice. En outre, le fait que Pour-Mohammadi ait été le choix personnel de Rohani pour ce poste jette un doute profond sur la supposition, du président Obama et d’autres responsables politiques occidentaux, que l gouvernement Rohani soit une alternative modérée aux durs associés au Guide suprême Ali Khamenei et l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Sans oublier que, sous le mandat de Rohani, le régime a continué à défier les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU interdisant les essais de missiles balistiques, et a continué à soutenir le terrorisme et les groupes extrémistes dans le monde, ce qui montre la méprise concernant la modération à Téhéran.
La communauté internationale et le Congrès des États-Unis devraient déjà avoir ôté au président Obama ses illusions voulant que le gouvernement Rohani puisse réfléchir sur des questions telles que les violations des droits humains et les crimes contre l’humanité. Cela aurait dû être évident au cours des deux premières années de la présidence de Rohani. Les exécutions ont monté en flèche, dans la mesure où près de 1000 personnes ont été pendues en 2015. La plupart ont été condamnées pour des crimes politiques comme « guerre contre Dieu », la même accusation qui a été appliquée aux victimes du massacre de 1988.
Il est difficile de comprendre comment l’administration Obama n’a pas remarqué ou choisi de ne pas tenir compte des dernières violations des droits humains. Quel que soit le cas, la connaissance croissante des xactions passées de Téhéran ne peut pas être si facilement ignorée, d’autant plus que la complicité du gouvernement Rohani dans le massacre de 1988 est nullement limitée au ministre de la Justice.
La semaine dernière, l’OMPI, qui bénéficie d’un vaste réseau de renseignements à l’intérieur de l’Iran, a révélé les noms de 60 individus pouvant être en relation avec le massacre des prisonniers politiques. Tous occupent des postes importants, dont certains dans le gouverement Rohani, certains dans d’autres instances gouvernementales, et quelques-uns dans des institutions financières aux liens étroits avec le gouvernement. Ces révélations rendent particulièrement clair que le gouvernement iranien actuel ne s’est en aucune façon éloigné des crimes passés contre l’humanité – crimes pour lesquels personne n’a été tenu responsable. En effet, ceux qui ont participé volontairement, même fièrement comme Mostafa Pour-Mohammadi, ont été récompensés.
La coplaisance de l’Assemblée générale de l’ONU et de ses hôtes américains, année après année, peut être largement passé inaperçue dans le passé récent, mais ce ne sera plus le cas en raison des nouvelles circonstances cette année. Un dialogue a commencé à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran au cours du mois depuis la publication de l’enregistrement de Montazeri. Il y a maintenant une prise de conscience sans précédent de l’injustice faites aux 30 000 personnes qui sont mortes. Et en tant que tel, le peuple iranien et le monde observeront de plus près si l’administration Obama et ses alliés choisissent une fois de plus de fermer les yeux sur les crimes pour lesquels le gouvernement Rohani partage de nombreuses responsabilités.
Tom RIDGE
(Tom Ridge a été le premier secrétaire à la sécurité intérieure nationale et le gouverneur de Pennsylvanie aux Etats-Unis)