Par un ancien prisonnier politique “M.J.” depuis Téhéran
Freedom Messenger, 2 mars 2014 – Apprenez à connaître le deuxième Boucher d’Evine, le deuxième Lajevardi de cette prison ! Les détenus d’Evine, qu’ils soient ou non politiques, le connaissent bien. Son visage est la dernière chose qu’ont vue ces 30 dernières années ceux qui remplissent le couloir de la mort. Derrière les hauts murs d’Evine, à l’aube des exécutions, il n’a pas besoin de dissimuler son visage.
Il a posé sur son bureau une photo d’Assadollah Lajevardi [ le terrible directeur et tortionnaire sanguinaire de la prison d’Evine assassiné il y a quelques années] et se considère come un petit disciple de son grand Maître. Plus d’une fois il a exprimé ses regrets devant les prisonniers : “Dommage qu’à présent on ne puisse plus vous traiter comme on le devrait ; dommage qu’on ait les mains liées.” Javad Momeni, sous-directeur exécutif de la prison d’Evine, qui a connu plus d’un patron, règne sur Evine plutôt qu’il ne l’administre. Il se considère et se nomme lui-même le “second Lajevardi”. Il fait de longues heures supplémentaires dans son deuxième – ou plutôt principal – foyer qu’est la prison d’Evine pour diriger son territoire où n’existe ni règles, ni lois. Sur un ordre et un simple coup de fil de Momeni, un détenu est envoyé au mitard et il n’a cure de savoir si cette sanction est conforme au règlement de la prison et du ressort du Conseil de classification de la prison. Sa seule volonté suffit.
Parfois, sortir un condamné de sa cellule pour l’emmener à l’échafaud à l’aube s’avère insurmontable pour les gardiens devant les cris et les supplications du prisonnier qui se débat et se raccroche à tout pour échapper à la mort. Dans de telles circonstances, seule l’expérience et la férocité d’un seul résout le problème : Haj Javad Momeni. La prison est pour lui plus qu’un travail ou un lieu pour accomplir son devoir ; la prison est tout pour lui. La persécution des prisonniers politiques lui procure stabilité et promotion. De plus, l’impuissance et l’ignorance des prisonniers « économiques » et de leurs familles constituent une source considérable de revenus pour lui et des membres de sa famille. Le bureau de Javad Momeni ne se limite pas aux bâtiments de la prison d’Evine. Avec son fils, il a un autre bureau de l’autre côté des murs d’Evine. Son fils « M. » qui profitait jusqu’à récemment de la position de son père à la prison, et sa femme “H.”, belle-fille de Momeni, avaient ouvert un bureau qui par le biais de promesses de permis de sorties, de grâces, de libérations conditionnelles garanties par le père aux familles des prisonniers de droit commun, se livraient à des extorsions.
Ces derniers temps, en raison des changements au ministère du Renseignement (Vevak) et le transfert du rôle de “méchant flic” à la branche judiciaire, Javad Momeni s’est vu confier le rôle déterminant et sensible de coordination avec le procureur général de Téhéran pour limiter et persécuter les prisonniers politiques.
M.J. – Téhéran