CSDHI – La torture et les mauvais traitements des prisonniers sont une pratique courante dans les prisons iraniennes.
Torturer, une pratique courante dans les prisons d’Iran
La torture est l’une des méthodes les plus inhumaines pour arracher des aveux et faire pression sur les dissidents. Cette méthode est systématiquement utilisée dans les prisons sous le régime des mollahs.
Les autorités judiciaires et les services du renseignement ont toujours nié le recours à la torture et aux mauvais traitements des prisonniers dans les prisons. Par conséquent, il n’existe pas de procédure fondamentale ou légale dans le système judiciaire iranien contre la torture.
La torture est utilisée de manière organisée dans toutes les prisons et centres de détention. La torture est infligée aux prisonniers de diverses manières. Notamment par la flagellation, la privation de sommeil, les coups, la menace de meurtre douloureux, la menace de tuer des membres de la famille, les insultes, l’humiliation, etc.
À de nombreuses reprises, les interrogateurs ont utilisé des matraques et des pistolets paralysants pour brutaliser les accusés.
En 2020, les services du renseignement ont utilisé la torture comme pratique courante pour obliger les détenus à se rendre et à faire de faux aveux.
Les manifestants de novembre 2019, les jouets torturés des autorités iraniennes
Plusieurs informations indiquent que les manifestants arrêtés et détenus lors des manifestations de novembre 2019 étaient « fréquemment encagoulés ou les yeux bandés ; frappés à coups de poing, de pied et de fouet ; battus avec des bâtons, des tuyaux en caoutchouc, des couteaux, des matraques et des câbles ; suspendus ou forcés à tenir des positions de stress douloureuses pendant des périodes prolongées ; privés de nourriture et d’eau potable en quantité suffisante ; placés en isolement prolongé, parfois pendant des semaines, voire des mois ; et privés de soins médicaux pour les blessures subies lors des manifestations ou à la suite de tortures. »
Les interrogateurs et les autorités pénitentiaires ont également recours à la violence sexuelle contre les prisonniers de sexe masculin.
Les détenus sont également soumis à des pressions psychologiques et physiques intolérables pour avouer avoir eu des contacts avec des groupes d’opposition, des défenseurs des droits humains, des médias et des gouvernements étrangers.
Dans de nombreux cas, au cours de l’année écoulée, ces aveux forcés ont conduit à des condamnations à mort, exécutées dans un certain nombre de cas.
En septembre, Amnesty International a publié un rapport révélant certaines des méthodes de torture utilisées contre les manifestants détenus. Ces méthodes comprennent « le déshabillage des détenus et les asperger d’eau froide, les soumettre à des températures extrêmes et/ou à des bombardements de lumière ou de son, l’extraction forcée des ongles des doigts ou des orteils, la pulvérisation de poivre, l’administration forcée de substances chimiques, l’utilisation de décharges électriques, torture par l’eau et les exécutions simulées. »
Tortures et mauvais traitements lors des interrogatoires
La torture et les mauvais traitements des prisonniers sont une pratique courante dans les centres de détention du ministère du renseignement et des pasdarans. Battre les prisonniers, jeter des objets et la chaise à l’accusé, les longues périodes d’isolement et fouetter la plante des pieds avec des câbles font partie des méthodes de torture les plus courantes.
Navid Afkari, torturé avant de mourir
Les agents du régime ont sauvagement torturé en détention Navid Afkari, arrêté lors des manifestations de 2018. Plus tard, dans un message audio, il a révélé que les autorités lui ont extorqué des « aveux » sous la torture, à lui et à son frère. Son dossier comprenait un document du bureau du médecin légiste confirmant la déclaration de Navid Afkari.
Afkari était un lutteur et il avait remporté plusieurs médailles de championnats nationaux. Le régime d’Iran l’a exécuté le 12 septembre 2020, sur la base de ces mêmes aveux.
Mostafa Salehi, torturé pendant deux années
Le prisonnier politique Mostafa Salehi, exécuté le 5 août 2020, a été sauvagement torturé pendant deux ans de détention. Les gardiens de prison l’ont torturé avec violence pour lui extorquer des aveux. Ils voulaient le forcer à avouer qu’il avait tué un bassiji, du nom de Sajjad Shah Sanaii, ce qu’il n’avait pas fait.
« Mostafa avait été tellement torturé que son bras et ses deux jambes étaient cassés. L’une des tortures qui lui ont été infligées consistait à enfoncer des aiguilles sous ses ongles. Le cou et la colonne vertébrale de Mostafa ont été gravement endommagées à cause des tortures. Les interrogateurs ont fait de leur mieux pour qu’il avoue sous la torture. Mais ils n’ont jamais réussi à le faire flancher ».
Trois manifestants de 2019, torturés pour leur extorquer de faux aveux
Les agents du régime ont arrêté trois manifestants – Amir Hossein Moradi, Saeed Tamjidi et Mohammad Rajabi – lors des manifestations de novembre 2019. Ils ont pas pu parler à leurs avocats pendant leur interrogatoire. Les agents iraniens les ont battus à coups de bâton, pendus par les pieds, et frappés sur les jambes et la plante des pieds, entre autres pour faire des aveux contre leur volonté.
Massoumeh Senobari, torturée par les pasdarans
La prisonnière politique Massoumeh Senobari, arrêtée sous l’accusation d’ « appartenance à l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) », a été torturée lors de son interrogatoire dans le centre de détention des pasdarans. Les pasdarans l’ont tellement fouettée qu’elle ne pouvait plus marcher. A cause des coups qu’elle a reçus sur la tête, sa vision est devenue floue. Elle avait aussi une fracture du mollet.
Khosrow Besharat, torturé violemment, menacé par les agents du renseignement
Khosrow Besharat, prisonnier de conscience kurde détenu à la prison de Rajaishahr à Karaj, a écrit une lettre ouverte révélant les pressions exercées sur lui par le ministère du renseignement.
Besharat a écrit : « Ils m’ont menotté dans le dos pendant de longues périodes. Cela m’a fait très mal aux bras. Ils m’ont pendu à plusieurs reprises par les menottes au plafond. À plusieurs reprises, ils m’ont attaché à un lit et m’ont battu sur la plante des pieds par des câbles électriques très épais. La douleur était telle que j’avais l’impression que mon cerveau sortait de ma bouche. Et que mes yeux sortaient de leurs orbites. J’avais l’impression que mon cœur allait éclater. Ces tortures ont duré trois semaines. Puis, ils ont menacé d’arrêter des membres de ma famille. »
L’adolescent, Abolfazl Karimi, torturé aussi par les pasdarans
Abolfazl Karimi est un adolescent arrêté lors des manifestations de novembre 2019 en Iran. Dans une lettre, il écrit : « Pendant les interrogatoires, ils ont menacé d’arrêter mes parents. Dans le centre de détention des pasdarans à Akbarabad, ils m’ont frappé avec des pistolets paralysants. Ils ont affirmé que j’avais tué l’un des deux agents de l’État. Les interrogateurs m’ont frappé à la tête et m’ont arraché les ongles. Maintenant, tous mes ongles sont en train de tomber. Ils m’ont donné un coup de pied dans la bouche et ont cassé une de mes dents. C’est à la 1ère brigade d’inspection de Baharestan qu’ils m’ont accusé de force de ce crime. »
Mostafa Hashemizadeh, militant étudiant torturé
Mostafa Hashemizadeh, un militant étudiant arrêté pendant les manifestations de janvier 2020, a déclaré : « Les interrogateurs ont menacé à plusieurs reprises de me tuer par injection d’air. Ils ont dit qu’ils allaient m’abandonner dans un endroit inconnu. » Après l’avoir torturé, l’interrogateur lui a dit d’écrire les aveux qu’il lui avait dicté, sinon « ils le tueraient ».
Hamid Khosropour, gravement torturé
Des agents du régime ont sévèrement battu Hamid Khosropour pendant sa détention. Il est l’un des citoyens arrêtés lors des manifestations de novembre 2019. Des agents du centre de détention des pasdarans l’ont brutalisé. Puis, ils ont tenté de lui casser ou de lui arracher les ongles. Suite aux coups et aux tortures subis lors des interrogatoires, il s’est mis à bégayer. En plus, ses mains se sont mises à trembler.
Mort de prisonniers sous la torture et les mauvais traitements
Au moins quatre prisonniers sont morts des suites des tortures et des mauvais traitements dans les prisons iraniennes en 2020.
Mohammad Ameri
Le 1er février 2020, Mohammad Ameri est mort suite aux coups des gardiens de la prison de Rajaï Chahr à Karaj. Il était un prisonnier ordinaire détenu sur la base d’accusations apolitiques.
Danial Zaynol-Abedini
Des gardiens de la prison de Mahabad, au Kurdistan iranien ont tué un jeune prisonnier du couloir de la mort, Danial Zaynol-Abedini. Ils ont remis son corps à sa famille le 2 avril 2020. Un proche de Danial a déclaré : « Lorsque nous avons reçu son corps et que nous lui avons retiré ses vêtements, son corps était couvert de bleus. De plus, il avait des points de suture à l’abdomen. Mais le bureau du médecin légiste a annoncé que la raison de sa mort était un suicide. »
Farhad Vosoughi
Un autre prisonnier du nom de Farhad Vosoughi, 27 ans, est mort sous la torture et les mauvais traitements des agents du renseignement le 10 novembre 2020. Son frère a confirmé sa mort dans la prison centrale de Khorramabad, capitale de la province du Lorestan.
Il a déclaré avoir vu le corps de son frère au bureau du médecin légiste de Khorramabad. Il avait subi des tortures inhumaines. » Il a également déclaré : « Les autorités de la prison centrale de Khorramabad s’étaient abstenues d’envoyer mon frère dans un hôpital municipal après l’avoir torturé avec acharnement. »
Mohammad Dowji
Mohammad Dowji, 19 ans, est décédé sous la torture des gardiens de la prison d’Amirabad à Gorgan, dans le nord de l’Iran.
Les gardiens de prison lui ont enlevé ses vêtements, lui ont attaché les ongles des mains et des pieds et l’ont pendu au plafond dans le froid. Ensuite, ils ont commencé à le battre, jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Devant tous les autres prisonniers, ils ont versé de l’eau froide sur lui pour le ramener à lui. Puis, ils ont recommencé à le battre. Ils ont fait cela comme une punition et pour donner une leçon aux autres détenus.
Le matin du 18 novembre 2020, il ne pouvait plus supporter les tortures et il est mort sous la torture.
Source : Iran HRM