CSDHI – L’augmentation catastrophique des crimes d’honneur en Iran est enracinée dans la misogynie et la culture patriarcale institutionnalisée dans les lois et la société.
Dans tout l’Iran, les « crimes d’honneur » de jeunes femmes sont un phénomène trop courant. Celui-ci fait régulièrement la une des journaux ces jours-ci.
Une horreur « balancée » aux yeux des Iraniens interloqués et traumatisés
Dans un document récent datant du 5 février, dans la province du Khouzistan (sud-ouest), un jeune homme a été vu sur la place Kassaei à Ahwaz portant la tête d’une jeune femme qu’il avait décapitée. Des badauds, dont un groupe de mécaniciens réparant des véhicules, se souviennent que le meurtrier a lancé : « C’est sa tête, nous l’avons apportée. » La victime s’appelait Mona (Qazal) Heidari, âgée de 17 ans.
Même plusieurs jours après cet événement traumatisant, les témoins oculaires restent choqués. Une atmosphère lourde a depuis assombri les lieux. « Un accident ? C’est une catastrophe », a répondu un homme à un journaliste indépendant, qui a tenté de faire la lumière sur d’autres aspects du crime.
Le témoin oculaire a ajouté : « Nous, les commerçants, n’avons pu ni dormir ni manger quelque chose pendant trois jours. Nous étions en train de travailler quand un véhicule s’est arrêté sur la place. Puis, un homme est descendu avec la tête d’une fille. Nous avons compris plus tard qu’ils avaient laissé le cadavre décapité de la fille dans la rue Nasser Khosro et qu’ils avaient apporté la tête ici pour la montrer. »
Le même jour, le site semi-officiel Rokna a publié la vidéo de l’homme et l’histoire. Un jour plus tard, des responsables ont déclaré que le site avait été fermé en raison de la publication de la vidéo. En réponse, le 8 février, le porte-parole du pouvoir judiciaire, Zabihollah Khodaeian, a déclaré : « Ces affaires nuisent à l’opinion publique et ont un impact psychologique. »
Cependant, les observateurs pensent que le gouvernement tente de minimiser le crime. Ils rappellent la réinterdiction du film « Khane Pedari » [La maison du père] sur les « crimes d’honneur » en Iran deux ans plus tôt. Le pouvoir judiciaire avait notamment intenté un procès aux producteurs du film, dont le réalisateur Kianush Ayyari.
Mona n’est pas le premier cas
Mona Heidari a dû épouser son mari Sajjad à l’âge de 14 ans. Craignant les violences et les menaces de son mari, Mona a fui en Turquie. Cependant, son père a fini par la convaincre de retourner en Iran, où Sajjad attendait de la tuer.
« Dans notre district, tout le monde traitait Sajjad de faible. Il a fait défiler la tête de Mona pour dire qu’il était un homme zélé. Mon fils avait déjà menacé de décapiter Mona », a pleurniché la mère de Sajjad, tentant d’échapper au meurtrier.
Dans le système misogyne iranien, Mona Heidari n’est ni la première ni la dernière victime des « crimes d’honneur ». En effet, la constitution de la République islamique a institutionnalisé la discrimination sexuelle, laissant les hommes commettre ce qu’ils veulent contre les femmes, en particulier contre leurs épouses, leurs sœurs et leurs filles, en toute impunité.
Des jeunes femmes de différentes régions connaissent le même sort
Ces dernières années, de nombreuses femmes dans tout le pays ont été victimes de ces crimes odieux. Parmi les cas emblématiques, citons celui de Mobina Souri, 14 ans, étranglée avec son foulard par son mari, un jeune religieux, le 30 août 2021, dans la région de Suri, dans la province occidentale du Lorestan.
Le 21 août 2021, la mère d’un enfant, Sabri Nalbandi, 24 ans, a été assassinée par son mari à Takab, dans le nord-ouest de la province d’Azerbaïdjan occidental. Son mari a brûlé la maison pour faire disparaître les preuves de son crime.
Au début du même mois, Sara Pirzadi a été tuée par balle par son cousin le 8 août pour avoir épousé un autre homme, tandis que deux jours plus tôt, Reza Ahmadian, 42 ans, a ouvert le feu sur sa femme et sa famille dans un jardin à Sanandaj. Shilan Mondami, 24 ans, avait épousé Reza à l’âge de 14 ans mais n’avait pas d’enfant. La raison de son meurtre est qu’elle avait demandé le divorce.
En mai 2020, la population a été prise de court par la décapitation impitoyable de Romina Ashrafi, 14 ans, dans la province septentrionale de Gilan, des mains de son père. Il l’a décapitée à l’aide d’une faucille. Romina est une autre victime des mariages forcés.
Ce ne sont là que quelques-uns des meurtres atroces commis en Iran sous l’étiquette de « crimes d’honneur », terme utilisé par les autorités pour minimiser la gravité des crimes commis contre des femmes sans défense. Le gouvernement attribue ces crimes aux affaires familiales. Non seulement il justifie les violations des droits des femmes. Mais il blâme également les hommes qui font preuve de pitié envers leurs épouses ou leurs filles.
« Tout homme dont la femme quitte la maison en se maquillant n’a aucun honneur ; personne ne pèche s’il qualifie un tel homme de déshonorant », peut-on lire sur une bannière installée par la force paramilitaire féminine Bassidj affiliée aux pasdarans (IRGC) à Sarpole Zahab, dans la province occidentale de Kermanshah.
Source : INU