CSDHI – La politique de propagande négative de la République islamique à l’encontre de Chaharshanbe Suri, la fête du feu, est un phénomène annuel. Mais cette année, les forces de police et d’autres agences de sécurité ont pris de nouvelles mesures en réponse aux appels à des rassemblements de protestation lancés par la population.
Ces mesures à l’occasion de la Fête du feu ont été visibles à Téhéran et dans plusieurs autres villes ces derniers jours.
En particulier, la présence accrue de motocyclistes, qui semblent être des membres des forces gouvernementales, dans le centre de Téhéran a attiré beaucoup d’attention.
Leila marchait sur le boulevard Keshavarz vers 16 heures mardi. Elle a signalé que de nombreux motocyclistes se relayaient sur les trottoirs, empêchant les piétons d’y circuler en toute sécurité.
Elle a ajouté que les motards ne semblaient pas appartenir à une unité spéciale mais ressemblaient à des membres de l’organisation paramilitaire Bassidj et d’autres forces proches du gouvernement.
De nombreux Iraniens célèbrent Chaharshanbe Suri, la Fête du feu en tirant des feux d’artifice et en allumant des feux de joie, bravant ainsi l’interdiction de ces festivités imposée par la République islamique.
Les célébrations de cette année de la Fête du feu s’inscrivent dans le cadre de plus de cinq mois de manifestations nationales réclamant des changements économiques, sociaux et politiques fondamentaux, et les manifestants ont préparé des pancartes et demandé à la population de se joindre à leurs rassemblements pendant Chaharshanbe Suri.
Avec Sizdah Bedar, Chaharshanbe Suri est l’un des seuls festivals collectifs d’Iran à avoir un aspect social et à se dérouler en plein air.
La République islamique a tenté de rebaptiser la célébration annuelle de Sizdah Bedar « Journée de la nature », tout en adoptant une position opposée à celle de Chaharshanbe Suri, la Fête du feu.
Ces dernières années, la publicité négative du gouvernement consistait principalement à annoncer des statistiques sur les accidents survenus pendant le festival et à montrer des scènes graphiques à la télévision d’État.
Cette année, le commandant de la police de la République islamique, Ahmadreza Radan, a déclaré que « nous ne considérons pas Chaharshanbe Suri, la Fête du feu comme une affaire de sécurité » et que « nous sommes avec le peuple ».
Mais il a également averti que toute personne essayant de perturber la sécurité « sera notre invitée ».
Abbas Ali Mohammadian, commandant de la police de Téhéran, a déclaré que les forces placées sous son commandement utiliseraient les mosquées comme lieux de détention temporaires pendant le festival.
« À la mosquée Imam Hossein, qui est l’une des principales bases des bassidjis dans l’est de Téhéran, j’ai vu un grand nombre de motocyclistes », a déclaré Soran, un habitant de Téhéran.
Sur la place Haft-e-tir, un colporteur qui vend des pétards et d’autres articles traditionnellement utilisés pour célébrer Chaharshanbe Suri, a déclaré qu’il essayait de faire profil bas par crainte des policiers en civil qui ont été chargés d’empêcher la formation de groupes de protestation.
Des unités de police anti-émeute à moto sont visibles à certains carrefours et sur certaines places, mais leur présence est moins visible que par le passé.
On ne sait pas encore comment les forces de sécurité réagiront aux manifestations qui devraient secouer plusieurs quartiers dans quelques heures.
Un habitant de la ville d’Ekbatan a déclaré avoir entendu des gens crier des slogans tels que « Mort au dictateur » et « Cette année est l’année du sang, Seyed Ali sera renversé » depuis leurs fenêtres, en référence au Guide suprême Ali Khamenei.
Source : Iran Wire
