CSDHI – À l’approche de l’anniversaire du soulèvement national des hommes et femmes iraniennes de 2022, déclenché par la mort tragique d’une jeune femme kurde nommée Mahsa (Zina) Amini aux mains de la patrouille de moralité de Téhéran, le risque persistant de raviver les braises de ce soulèvement a maintenu le régime iranien en état d’alerte.
Craignant de raviver l’étincelle qui a déclenché les troubles précédents, le régime a pris des mesures de précaution pour supprimer la possibilité d’un nouveau soulèvement national.
Le 16 juillet, le porte-parole de la police du régime a annoncé le déploiement de patrouilles d’orientation et de véhicules de police féminins dans les rues. L’apparition soudaine d’agents de la patrouille de moralité effectuant des descentes dans les rues, associée à la résistance inébranlable des femmes, en a surpris plus d’un et a même suscité la discorde et l’opposition entre les factions au sein du gouvernement.
Ahmed Reza Radan, le chef de la police du régime, a été nommé par le guide suprême Ali Khamenei lui-même, et son histoire est marquée par des actions oppressives. Il a été impliqué avec les pasdarans depuis sa création, ce qui fait de son alignement sur le pouvoir autoritaire de Khamenei un avantage potentiel pour Radan.
Au milieu de la vague de mécontentement public et de la résistance résolue des femmes iraniennes contre les officiers oppressifs de la patrouille Ershad, ainsi que des désaccords internes au sein du régime concernant la reprise de cette patrouille, Radan a publié une déclaration provocante le 20 juillet : « Il est essentiel que tout le monde comprenne que cette mission est irréversible ». Cela signifie essentiellement que le régime perçoit le contrôle des vêtements des femmes non seulement comme une mission, mais aussi comme un élément essentiel à sa survie, ce qui témoigne clairement de l’importance qu’il accorde à cette entreprise.
Le secrétaire du groupe de travail sur les préjudices sociaux du bureau du vice-président chargé des femmes iraniennes et de la famille a révélé un fait étonnant concernant le fardeau financier associé à l’application du port obligatoire du voile pour les femmes. Il a déclaré : « Les informations indiquent que la guerre idéologique de l’année dernière a représenté 150 fois le budget annuel de l’Iran, principalement alloué aux dépenses des médias visant à influencer efficacement la perception du public ».
Le 15 juillet, Hossein Salami, le commandant en chef des pasdarans, a fait une déclaration répétée et menaçante : « Nous affronterons avec véhémence ceux qui menacent la sécurité de l’Iran. Nous affronterons les Mohareb, mais nous protégerons ceux qui sont dans le besoin et les guiderons loin du danger ».
Les chefs des prières du vendredi, dont Kazem Sediqi, chef du quartier général du régime chargé de la promotion de la vertu et de la prévention du vice, ont manifesté une anxiété croissante face à la perspective du « non port du hijab » par les femmes iraniennes plutôt que de se concentrer sur les ramifications économiques. Ce religieux semble plus préoccupé par la déstabilisation potentielle du régime, un établissement préservé, comme il l’affirme, par des « mains invisibles ». Il considère le concept de « non port du hijab » comme une menace directe pour un régime qui considère que sa sécurité est intimement liée aux turbans, au hijab, au deuil et aux éloges funèbres.
Il est essentiel de reconnaître que la référence aux « mains invisibles », que cet ecclésiastique emploie pour désigner la préservation du régime, fait écho à l’oppression subie pendant des décennies par le peuple iranien, en particulier par les femmes iraniennes, au cours des 44 dernières années.
L’absence d’entité officielle prête à revendiquer la responsabilité de la résurgence de la patrouille Ershad dans les rues constitue une observation importante. La population iranienne, constamment confrontée à diverses formes de patrouilles dans les rues, a surnommé avec justesse cette présence particulière la « patrouille meurtrière ».
Hossein Shariatmadari, directeur de la rédaction de Kayhan, affirme que la réapparition de la patrouille Ershad dans les rues est une conséquence directe des ordres donnés par Ebrahim Raisi et Gholamhossein Mohseni Ejei, le chef du pouvoir judiciaire. Cette révélation souligne les conflits internes et la fragilité du régime lui-même.
La réapparition de patrouilles répressives, intimidantes et meurtrières souligne l’appréhension du régime iranien face à la possibilité que des femmes iraniennes prennent la tête du soulèvement populaire.
Malgré les actions répréhensibles du régime, les femmes iraniennes continuent de faire preuve de résilience. La réactivation de la police des mœurs est un indicateur flagrant de l’incapacité du régime à appliquer ses lois, menaces et mesures contre les femmes au cours de l’année écoulée. En termes clairs, on peut affirmer que dans le paysage actuel du mouvement révolutionnaire du peuple iranien, les instruments de répression et la force armée ne sont pas des forces dominantes.
La résistance inébranlable à toute forme de coercition gouvernementale – qu’elle soit religieuse, liée au port du voile ou à l’emprise plus large du contrôle de l’État – est devenue l’emblème de la résistance révolutionnaire contre l’autorité au pouvoir.
Dans l’arène de la confrontation entre la population et le régime, contrairement aux perspectives des théoriciens pacifistes et non-violents, c’est le déploiement de la violence par le régime qui appelle les citoyens non armés et vulnérables à réagir.
Source : INU