CSDHI – Une analyse récente du comportement du guide suprême iranien Ali Khamenei fait apparaître un schéma troublant, qui suggère une descente dans un état de folie ou de mélancolie.
La peur palpable d’Ali Khamenei face aux bouleversements sociétaux en cours dans le pays l’a conduit à une perspective extrême, où même les moulins à vent sont perçus comme des ennemis, ce qui fait écho au comportement d’un fou mythique.
Le célèbre psychologue Manes Sperber, qui a consacré ses travaux à la lutte contre le fascisme, explore un concept dans son célèbre ouvrage intitulé « Zur Analyse der Tyrannis ».
Sperber affirme que tous les dictateurs élaborent un mythe – le mythe de l’ennemi. Cet ennemi, qu’il s’agisse d’un traître interne ou d’un lointain adversaire étranger, devient l’incarnation de la disgrâce, de la tromperie et de la malveillance.
Les dirigeants comme Ali Khamenei et leur appareil se présentent souvent comme des parangons de vertu et de justice, considérant l’ennemi comme l’incarnation du mal absolu et la source de tous les malheurs.
Les dictateurs emploient méticuleusement cette stratégie pour rallier des soutiens et rediriger la colère et la haine du public vers leurs faux adversaires (ceux qui ne font pas partie de leur cercle rapproché).
Une fois qu’ils ont atteint leurs objectifs, ils s’éloignent de leurs partisans et des masses, se retirant dans un cocon qu’ils ont eux-mêmes construit et qui les isole de la réalité.
Inévitablement, les pensées, les sentiments et le comportement du dictateur se transforment profondément, entraînant suspicion, méfiance, paranoïa et délires mélancoliques. La corruption, la solitude et la peur les consument peu à peu.
Le comportement récent d’Ali Khamenei suggère fortement qu’il est entré dans cette phase mélancolique, renforçant ainsi son appareil répressif.
Le 16 septembre, date anniversaire du soulèvement de 2022, l’Iran ressemblait à une forteresse militarisée. Les unités des gardiens de la révolution, la milice du Bassidj et d’autres forces répressives occupaient l’ensemble du pays.
Il est rare qu’une seule force d’occupation ait instillé une telle terreur dans la population d’un pays. Le traitement infligé par les autorités, même lors de petits rassemblements de deux ou trois personnes, rappelait le régime militaire classique. Il est choquant de constater que de nombreuses femmes ont été arrêtées uniquement en raison de leur sexe.
Le jeudi 21 septembre, le Comité de surveillance des détenus a indiqué que, le 16 septembre, au moins 600 femmes avaient été arrêtées à Téhéran et que 130 d’entre elles étaient actuellement détenues dans le quartier Qartanine de la prison pour femmes de Qarchak, leur sort étant incertain.
Ce même jeudi, les forces de sécurité et les forces de l’ordre de Khamenei ont lancé des attaques brutales contre la famille du martyr Javad Heydari dans un village de la province de Qazvin.
Des femmes et des enfants ont été battus et des gaz lacrymogènes ont été utilisés contre des enfants qui tentaient de se rendre sur la tombe de leur proche. Fait inquiétant, des rapports indiquent que le père et les deux frères du martyr Javad Heydari ont été appréhendés par des agents des services de renseignement. Le site web gouvernemental Baharnews a récemment annoncé l’annulation de la cérémonie de commémoration de la martyre de la manifestation de 2022, Nika Shakrami, attribuant cette décision aux souhaits de sa famille.
Cependant, le 19 septembre, Aida Shakrami, la sœur de Nika Shakrami, a pris son compte Instagram pour révéler la convocation puis l’arrestation de personnes qui ont tenté de se recueillir sur la tombe de Nika au cours de la semaine écoulée.
En outre, il est apparu que les forces de sécurité du régime ont informé les proches des personnes qui ont perdu la vie le 21 septembre 2022, notamment Erfan Rezaei, Ghazaleh Chalabi, Hananeh Kia, Javad Heydari et d’autres, qu’ils n’étaient pas autorisés à organiser des cérémonies en l’honneur de leurs proches le jour de l’anniversaire de leur mort.
Notamment, Farzaneh Barzekar, la mère d’Erfan, a été arrêtée le 3 septembre 2023 et reste incarcérée. De même, à l’approche du premier anniversaire du martyre de Ghazaleh Chalabi, les forces de sécurité du régime ont contacté Fatemeh Mojtabaei, sa mère, et l’ont menacée : si elle se rendait sur la tombe de sa fille et organisait une cérémonie d’anniversaire le jeudi soir, elle risquait elle aussi d’être arrêtée.
Les arrestations massives des familles des martyrs du soulèvement se poursuivent sans relâche, des centaines d’entre elles étant désormais emprisonnées.
Toutes ces actions d’Ali Khamenei semblent être motivées par une peur aiguë d’un soulèvement. Il semble saisi par la mélancolie d’un renversement potentiel, considérant chaque mouvement comme une pièce d’un grand plan contre lui.
Source : INU