CSDHI – Dans le quartier des femmes de la sinistre prison d’Evine en Iran où se trouvent de nombreuses mères, il n’est pas possible d’appeler les siens à l’extérieur. Aussi les visites font-elles l’objet de tous les chantages de la part des autorités carcérales pour éviter les rébellions.
Le quartier des femmes d’Evine comporte trois salles et une cuisine d’environ 25m avec deux gazinières de 4 feux. La section des femmes compte un nombre variable de détenues, très élevé en juin, et comme partout ailleurs en Iran est confronté à la surpopulation et aux gens qui doivent dormir par terre.
Comme la prison n’est pas reliée au gaz de ville, en hiver les détenues doivent combattre un froid glacial, car Evine est situé dans la montagne qui surplombe Téhéran.
A Evine, les femmes, et surtout les mères ne peuvent passer de coups de fil au monde extérieur et cela génère une véritable tension doublée d’une vive inquiétude. En effet, lors des arrestations politiques ou confessionnelles, il arrive souvent que le père et la mère soient emprisonnés et que les enfants, quel que soit leur âge, restent livrés à eux-mêmes abandonnés, surtout lorsqu’il s’agit de bahaïs. Pour obtenir le droit de passer un appel, les détenues doivent écrire de nombreuses lettres aux autorités, processus qui peut durer jusqu’à deux mois pour obtenir une réponse. Deux mois sans nouvelles de leurs enfants abandonnés
Le quartier des femmes ne possède pas non plus de structure culturelle et de loisirs. Il n’existe qu’une bibliothèque dont les livres sont fournis par les prisonnières.
Au nivea de la surveillance, des caméras sont installées partout, sauf aux toilettes et dans la salle de bain.
Les visites se passent les dimanches et sont limités de 15 à 20 minutes dans une cabine, derrière une vitre, avec un combiné téléphonique, sur écoute. Pour une visite hors cabine, il faut l’accord du parquet et c’est en général une fois toutes les 4 ou 6 semaines dans un grand parloir. Les agents du renseignement coupent les visites de parloir ou celles des prisonnières politiques dès qu’une information sort des murs sur ce qui se passe dans le quartier des femmes. Les autorités font du chantage à la visite pour réduire les protestations des prisonnières de conscience.
Un gros problème des détenues à Evine, comme ailleurs en Iran, c’est le ravitaillement. Vu la piètre qualité de la nourriture, les femmes préfèrent s’approvisionner au « magasin ». Mais les produits y sont souvent périmés, abimés, moisis et bien sûr hors de prix. Alors une solidarité se crée entre les prisonnières politiques. Celles dont les familles le peuvent reçoivent de l’argent, en font une cagnotte et cherchent avec ce pécule à subvenir à leurs besoins et à celles qui n’ont rien. Quand elles le peuvent, elles reçoivent de l’extérieur des draps et de couvertures, des vêtements également, qu’elles se partagent. C’est cette solidarité qui les rend forte et leur permet de résister.