ISJ, par Alejo Vidal-Quadras – La République islamique d’Iran a fait la démonstration d’une longue période d’obstruction concernant les requêtes et les enquêtes sur ses activités nucléaires, et ce schéma persiste alors qu’il s’est écoulé plus de deux ans depuis la conclusion d’un accord nucléaire historique entre l’Iran et six puissances mondiales.
La conclusion de cet accord en 2015 dépendait dans une certaine mesure de la négligence de certaines questions controversées, y compris l’accès aux sites militaires iraniens, où le régime a apparemment effectué des recherches et du développement liés aux aspects d’armement du programme nucléaire du pays. Le Plan d’action global conjoint a contourné cette question en rendant théoriquement possible pour l’Agence internationale de l’énergie atomique de demander et recevoir un accès aux sites militaires, mais seulement après un processus d’un mois au cours duquel la République islamique pourrait faire en sorte d’effacer les preuves d’activités passées.
C’est exactement ce qui s’est passé à la base militaire de Parchin, très suspecte, dont l’AIEA a obtenu des échantillons de sol qui montraient toujours la présence de certaines matières nucléaires après que des images satellites aient montré que le site était partiellement démoli et nettoyé. Malgré ce fait, l’AIEA a clôturé le dossier sur les dimensions militaires passées du programme nucléaire iranien afin que le JCPOA (Le plan d’action global commun) puisse progresser vers une mise en œuvre.
Cette affaire et d’autres exemples de la tromperie iranienne et de la négligence internationale ont fait l’objet d’un récent rapport publié par le Comité international de recherche de la justice (ISJ), une ONG à but non lucratif que je dirige à Bruxelles. Le rapport portait sur des informations et renseignements publics, recueillis par l’Organisation des Moudjahidine du peuple de l’Iran (OMPI / MEK), le principal groupe d’opposition iranien possédant un solide bilan de divulgation d’informations sur le projet nucléaire du régime. Les nouvelles informations identifient un modèle beaucoup plus large de comportements allant bien au-delà des problèmes bien relayés comme Parchin.
Mais même sans ces renseignements supplémentaires, la situation de Parchin et l’insistance répétée du régime iranien selon laquelle les sites militaires ne sont tout simplement pas accessibles aux inspecteurs internationaux, devraient suffire à démontrer au monde que le JCPOA n’a probablement pas arrêté les activités nucléaires de l’Iran, et qu’il devrait être beaucoup moins convaincu de la coopération du régime avec la communauté internationale.
Malheureusement, diverses puissances mondiales semblent bien connaître les lacunes du JCPOA, mais restent déterminées à préserver cet accord et à faire valoir qu’il sert efficacement son but.
Indépendamment de sa position sur le JCPOA, il est indéfendable de suggérer que l’accord ait réussi dans son but à arrêter les progrès de l’Iran vers une arme nucléaire, ou même que les inspections qui en résultent, ont clôturé la question des dimensions militaires passées du programme.
Quiconque connaît le modèle de tromperie de Téhéran depuis deux décennies devrait reconnaître la nécessité d’une insistance internationale coordonnée ayant un accès immédiat et sans restriction à Parchin et à d’autres sites militaires, ainsi qu’un accès aux sites et au personnel associés à l’Organisation de défense de l’innovation et de la recherche, qui a été identifiée comme l’institution qui est au cœur des aspects d’armement du programme nucléaire iranien. C’est simplement naïf et tout à fait dangereux d’oublier les comportements trompeurs de Téhéran juste pour préserver l’accord nucléaire et prétendre que la question des éventuelles dimensions militaires est résolue.
Jusqu’à présent, le président Trump est resté silencieux quant à savoir s’il envisageait de certifier devant le Congrès que l’Iran respecte ses obligations en vertu de l’accord, ainsi qu’il le devra faire le 15 octobre.
Dans la mesure où le rapport récent repose sur des informations provenant de documents de l’AIEA disponibles publiquement, il établit que l’agence de surveillance nucléaire a effectivement écarté ses propres conclusions. Par exemple, le rapport cite un document de l’AIEA, publié juste sur le point de la mise en œuvre du JCPOA : « L’Agence évalue que les vastes activités entreprises par l’Iran depuis février 2012 au lieu précis qui intéresse l’Agence ont sérieusement sapé la capacité de l’Agence à effectuer une vérification efficace « .
Malgré ce fait, l’Agence agit maintenant comme si les tendances d’obstruction persistantes de Téhéran ne sont pas des raisons pour suspecter sa conformité. L’AIEA a insisté à maintes reprises sur le fait que l’Iran est en conformité avec l’accord nucléaire, mais, ce faisant, il a non seulement ignoré la question de ce qui reste inconnu sur les dimensions militaires possibles, mais il a également ignoré les violations, si mineures, des limites du JCPOA au sujet des réserves de matières nucléaires et de sous-produits nucléaires en Iran.
Dans la mesure où l’Iran refuse de coopérer avec la communauté internationale, les nations du monde devraient montrer qu’elles peuvent faire mieux en coopérant entre elles afin d’exercer la pression nécessaire pour rendre absolument certain que ce régime théocratique ne possède plus la capacité de construire des armes de destruction massive. Donner à Téhéran un permis gratuit est tout simplement trop dangereux.