AFP 02 décembre 2006- Hors-jeu" de l'Iranien Jafar Panahi, qui a remporté un Ours d'argent au dernier festival de Berlin, brosse le portrait d'une jeunesse assoiffée de liberté à travers l'histoire de jeunes filles interdites de stade de football.
"Hors-jeu" (1H28, titre original "Offside") est un film simple mais fort, qui raconte l'histoire de jeunes filles empêchées de pénétrer dans le stade Azadi de Téhéran parce que l'accès des enceintes sportives est interdit aux femmes.
Casquettes sur la tête, vêtements amples pour cacher leur féminité, elles sont arrêtées et retenues à côté du stade par de jeunes soldats qui effectuent leur service militaire.
Le match qui se dispute dans l'arène devant quelque 80.000 spectateurs n'est pas n'importe lequel : Iran-Bahreïn, une rencontre remportée le 8 juin 2005 par l'Iran, qui lui a permis de se qualifier pour la Coupe du monde de football.
Les acteurs sont tous des amateurs et les scènes, souvent improvisées, furent réellement tournées le jour de ce match. "Vive l'Iran!" : c'est sur ces mots criés par de jeunes supporteurs en liesse dans les rues de Téhéran que s'achève le film, sur fond de chansons louant la patrie, et de drapeau vert, blanc et rouge flottant dans les airs.
"Je n'ai pas de message politique. Ce qui m'intéresse c'est la société. J'exprime les choses à ma guise, la politique n'est pas au centre de mes préoccupations", avait assuré le réalisateur âgé de 45 ans, lors du dernier festival de Berlin, début février.
Sa carrière, qui va du "Cercle" (2000) au "Ballon blanc" (1995), est pourtant marquée par la censure du pouvoir iranien, qui s'abat sur chacune de ses oeuvres. Pour la première fois depuis qu'il fait du cinéma, l'un de ses films a été montré au début de l'année dans la capitale iranienne. Mais pas question pour lui d'envisager un éventuel exil.
"Je suis parti de mon pays" pour venir à la Berlinale, avait affirmé Panahi, "je retournerai dans mon pays et je poursuivrai mon travail".
L'une des plus belles images de "Hors-jeu" est celle où l'on voit l'une des jeunes filles troquer sa casquette pour son long tchador noir, d'où n'émerge plus que son visage peinturluré de vert, de blanc et de rouge.
"J'ai voulu montrer que beaucoup de gens ne peuvent pas bénéficier des droits fondamentaux et mener une vie normale", a expliqué le réalisateur. "Hors-jeu" sort mercredi dans une vingtaine de salles de l'Hexagone.