CSDHI – Le juge et mollah Ali Razini a admis le 29 juillet 2019 que les exécutions extrajudiciaires de l’été 1988 avaient été effectuées sur l’ordre catégorique de Khomeiny « sans s’embarrasser des retards de la bureaucratie ».
Directeur des affaires juridiques et du développement du pouvoir judiciaire, le mollah Ali Razini a considéré que les procès ayant conduit à l’exécution extrajudiciaire de milliers de prisonniers politiques durant l’été 1988 comme l’une des dernières décisions majeures de Khomeiny.
Répondant aux question du site Jamaran, proche de la famille de Khomeiny, le mollah Razini a examiné les circonstances qui ont conduit à la publication du décret. Il a également expliqué en quoi ce massacre préparé et organisé avait bénéficié au régime.
Le 24 juillet 1988, Khomeiny avait promulgué un décret secret pour tenir des procès d’urgence sous prétexte « d’enquêter sur les crimes de guerre ». Il avait nommé le mollah Ali Razini à la tête de ce tribunal « de campagne ». Le texte complet de ce décret secret avait été divulgué trois mois plus tard par la Résistance iranienne.
Dans les jours qui avaient suivi, cependant, le tribunal avait rapidement changé de cap et s’en était pris aux partisans de l’OMPI dans l’ouest de l’Iran. Les victimes étaient des habitants des régions occidentales de l’Iran qui soutenaient les Moudjahidine du peuple (OMPI), la principale opposition démocratique à la dictature religieuse.
Le 17 août 1988, le président du Conseil national de la Résistance iranienne avait envoyé un télégramme à l’ONU et aux dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité pour mettre en garde contre les exécutions massives de personnes qui n’avaient pas été impliqués dans les batailles de l’Armée de libération nationale et qui étaient exécutées simplement pour leur soutien à l’OMPI.
Aucun processus judiciaire
Dans ses propos, le mollah Razini affirme que le décret de Khomeiny a ouvert la voie au massacre de milliers de prisonniers politiques en Iran.
« L’un des avantages les plus importants de ce décret était que les opposants qui avaient participé à l’opération Mersad étaient jugés par ces tribunaux. En d’autres termes, nous n’avons traduit en justice aucune des personnes arrêtées à Téhéran ou à Ahwaz. C’est dans les zones-mêmes de guerre qu’ils ont été arrêtés, jugés et punis. »
Cet ancien procureur du tribunal révolutionnaire de Téhéran a déclaré sur le site Jamaran que la plupart des personnes jugées par ces tribunaux sans aucun respect du processus judiciaire étaient des jeunes et que certains des procès n’avaient pas duré plus d’une demi-heure.
A propos du nombre de personnes exécutées, Razini a dit : « Nous n’avons pas compté. Je ne m’en souviens pas. A l’époque, on était occupés et on n’avait pas le temps de compter. »