CSDHI – « On récolte ce que l’on sème », une expression faite pour les criminels iraniens. Elle décrit parfaitement ce qui se passe concernant le régime autoritaire en Iran aujourd’hui. Au cours des 42 dernières années, les ayatollahs ont fait « tout ce qu’il faut » pour se maintenir au pouvoir.
Depuis 1979, ils ont impitoyablement réprimé les personnes et entités éprises de liberté. Il s’agit notamment des défenseurs des droits de l’homme, des minorités ethniques et religieuses, et même des manifestants pacifiques sur le tarmac. Au cours des années 1980, ils ont commis d’énormes crimes contre les dissidents. Les plus flagrants sont les exécutions extrajudiciaires de 30 000 prisonniers politiques au cours de l’été 1988.
Le massacre de dissidents, connu sous le nom de « massacre de 1988 », est l’un des crimes les plus marquants de l’histoire de l’Iran. De nombreux défenseurs des droits humains et experts en droit international estiment que les auteurs de ce crime devraient être tenus pour responsables de crimes contre l’humanité.
« L’exécution d’opposants emprisonnés, y compris ceux qui avaient déjà été jugés et purgeaient leur peine de prison, est le plus grand massacre de prisonniers politiques depuis la Seconde Guerre mondiale ». C’est ce qu’a souligné la baronne Boothroyd, ancienne présidente de la Chambre des communes, lors du sommet « Appel à la justice », le 19 juillet.
Les juges suédois décident de transférer le procès de Hamid Noury en Albanie
Ces jours-ci, l’un des bourreaux du massacre, Hamid Noury, est traduit en justice par les autorités suédoises à Stockholm. Il avait été placé en détention en novembre 2019 en raison de son rôle dans le crime de 1988. À l’époque, il était interrogateur dans la tristement célèbre prison de Gohardasht, au nord-ouest de la capitale Téhéran.
En juillet 1988, le fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeini, a émis une fatwa. Il ordonnait aux autorités judiciaires de purger immédiatement les prisons des prisonniers politiques, en particulier ceux qui s’obstinaient à soutenir le principal parti d’opposition, les Mojahedin-e Khalq (MEK).
« Il est décrété que ceux qui sont en prison dans tout le pays et qui restent fermes dans leur soutien au MEK font la guerre à Dieu et sont condamnés à être exécutés », peut-on lire dans la fatwa de Khomeini.
Dans ce contexte, les juges suédois ont décidé de transférer le tribunal dans la ville côtière de Durrës, dans l’ouest de l’Albanie, pour entendre les témoignages d’anciens prisonniers politiques. Les juges étaient convaincus que ces témoignages permettraient d’éclairer les parties sombres de cette affaire.
Au cours des 35e à 37e sessions du procès de Hamid Noury à Durrës, les membres du MEK Mohammad Zand, Majid Saheb-Jam et Asghar Mehdizadeh ont témoigné et raconté l’horrible vérité sur le massacre de 1988. Ils ont mentionné le rôle de Hamid Noury dans le crime. Ils ont partagé leurs expériences sur les atrocités du régime dans la prison de Gohardasht.
Le tribunal est censé continuer pendant plusieurs jours encore pour entendre d’autres témoignages fournis par les survivants du massacre de 1988 affiliés au MEK.
Le tribunal populaire d’Aban à Londres
Par ailleurs, grâce à une initiative de militants et d’organisations de défense des droits humains, dont la Coalition mondiale contre la peine de mort (WCADP), Iran Human Rights (ONG IHR) et Justice for Iran, le tribunal populaire d’Aban (novembre) a été installé à Londres.
Au cours d’un procès présidé par le juge Zak Yaccob, un éminent militant anti-apartheid d’Afrique du Sud, des centaines de témoins et de familles de victimes ont apporté leurs témoignages. Selon des dissidents et un comuniqué exclusif de Reuters, les autorités iraniennes ont assassiné au moins 1 500 manifestants en deux jours, en novembre 2019.
Le tribunal d’Aban a une importance capitale. Il a pour mission de demander des comptes aux autorités criminelles en Iran, notamment au guide suprême Ali Khamenei, au président Ebrahim Raïssi, au président de l’époque Hassan Rouhani, au ministre de l’Intérieur de l’époque Abdolreza Rahmani Fazli, au commandant en chef des pasdarans Hossein Salami et à des centaines d’autres responsables du renseignement et de la sécurité.
Les témoignages historiques et les détails fournis par les témoins devraient être considérés comme un appel à la communauté internationale pour poursuivre les responsables criminels en Iran. « Le tribunal populaire sur la répression meurtrière des manifestations doit servir de signal d’alarme pour tous les États membres des Nations unies, a déclaré Raha Bahreini, chercheur sur l’Iran à Amnesty International et avocat spécialisé dans les droits humains.
Source : Iran Focus