CSDHI – En signe de protestation parce qu’il a été renvoyé en prison deux ans après avoir été libéré, le célèbre syndicaliste Reza Shahabi a commencé une grève de la faim le 9 août 2017, dans la prison de Rajai Shahr à Karaj, à 50 km à l’est de Téhéran.
« Le procureur a déclaré à Shahabi et à sa famille qu’il n’avait qu’à passer trois mois de plus en prison pour couvrir la période où il a été libéré pour congé médical », a déclaré sous anonymat un des collègues de Shahabi au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI), le 17 août.
« Mais après son retour en prison, il s’est rendu compte que les autorités allaient non seulement lui faire purger cinq mois de prison pour le temps qu’il a passé en dehors de la prison pour son traitement médical, mais aussi qu’ils allaient faire appliquer une précédente condamnation d’un an. Cela signifie qu’il doit rester en prison jusqu’en décembre 2018 », a déclaré la source.
« Shahabi a commencé sa grève de la faim le 9 août, mais il n’a pas été en mesure de le faire savoir parce qu’il ne recevait ni visites ni appels téléphoniques », a ajouté la source.
Le membre du conseil d’administration de l’Union des travailleurs de la Compagnie des autobus de Téhéran et des banlieues (UWTSBC), âgé de 45 ans, a entamé sa protestation le lendemain de son retour dans la prison Rajai Shahr, le 8 août, après plusieurs avertissements qu’il perdrait son dépôt de sécurité s’il refusait de purger le reste d’une peine d’emprisonnement de six ans délivrée pour son activisme pacifique.
Shahabi a été libéré pour raisons des médicales en septembre 2014 après avoir versé une caution de 5121 euros.
Dans un communiqué publié le 12 août, UWTSBC a condamné l’incarcération prolongée de Shahabi.
« L’affirmation du procureur selon laquelle Shahabi doit passer cinq mois de plus pour compléter sa peine de prison de six ans est sans fondement car, après son retour en prison, il a vu une lettre du pouvoir judiciaire qui déclarait que sa peine avait pris fin le 9 septembre 2015 », a déclaré le communiqué .
La peine d’un an ajoutée à la prison actuelle de Shahabi provient d’une condamnation pour sa participation présumée dans le conflit du 17 avril 17 2014 entre les gardiens et les prisonniers dans la prison d’Evine qui est connu sous le nom de « Jeudi noir ».
« Le verdict émis par la cour révolutionnaire fait partie de l’affaire du « jeudi noir » lorsque des unités spéciales de la Garde ont attaqué des prisonniers politiques dans le quartier 350 », a déclaré le collègue de Shahabi au CDHI à l’époque.
« Shahabi a été blessé lors de cette attaque, mais les responsables de la prison et les gardiens qui ont mené l’assaut ont témoigné contre lui et finalement il a été condamné à une autre année de prison », a ajouté la source.
Le 13 février 2017, la Confédération syndicale internationale (CSI) a exhorté le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, à libérer Shahabi.
« Le retour en détention de Reza Shahabi, injustement condamné pour son activité syndicale, ne constituerait qu’une violation supplémentaire des conventions internationales et une violation des droits de l’homme », a déclaré l’organisation dans une lettre.
L’Iran est un signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui mandate dans les articles 21 et 22, la liberté d’association et garantit le droit de former des syndicats et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui garantit dans l’article 8 le droit des travailleurs de former ou adhérer à des syndicats et de protéger le droit des travailleurs de faire grève.
La Constitution iranienne contient également des dispositions pour ces droits : l’article 26 garantit le droit de former des « partis, des sociétés, des associations politiques ou professionnelles », et l’article 27 stipule que « les rassemblements publics et les manifestations peuvent être librement organisés, à condition qu’il n’y ait pas d’armes et que cela ne nuise pas aux principes fondamentaux de l’islam ».
Malgré cela, les syndicats indépendants sont interdits en Iran, les grévistes sont souvent licenciés et risquent d’être placés en détention, et les dirigeants syndicaux font face à de longues peines d’emprisonnement sur des accusations de sécurité nationale.