
CSDHI – A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, Iran Human Rights Monitor demande l’arrêt des exécutions de prisonniers politiques et l’abolition de la peine de mort en Iran.
La peine de mort est progressivement retirée de la liste des sanctions légales dans le monde d’aujourd’hui. Le régime clérical iranien n’a aucune intention d’abolir la peine de mort en Iran. Au contraire, il défend et soutient le recours généralisé à cette peine.
La question est la suivante : Le pouvoir judiciaire iranien utilise-t-il la peine de mort en Iran comme un verdict légal, ou comme un outil de répression ?
Le régime iranien a exécuté des milliers de personnes au cours des quatre dernières décennies. Cela inclut le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988.
Les développements de ces derniers mois attestent que le régime a eu recours à l’exécution de manifestants après le soulèvement de novembre 2019. Confronté à des crises nationales et internationales irrémédiables, le régime s’efforce de prévenir les manifestations publiques.
La peine de mort, un outil de répression
Il estime qu’il peut terroriser la population en prononçant des condamnations à mort. Il croit qu’il peut ainsi empêcher toute manifestation future. Ils cherchent à étouffer toute voix de protestation et tout appel à la liberté dans la situation chaotique qui prévaut en Iran.
Dans de nombreux cas et depuis plusieurs mois, le régime a accusé les manifestants arrêtés de « corruption sur terre. »
Selon l’article 183 de la loi sur les peines islamiques, les peines pour « corruption sur terre » sont parmi les plus sévères, y compris la peine de mort.
Les récentes pendaisons en Iran
Malgré le tollé mondial, le régime clérical a exécuté Navid Afkari, un champion de lutte âgé de 27 ans, le 12 septembre 2020. Cette exécution extrajudiciaire a été menée à la hâte, sans que la victime, sa famille ou son avocat en soient informés préalablement. Cette pendaison a indigné l’opinion publique internationale et nationale.
Mostafa Salehi est un des manifestants arrêtés lors des protestations de décembre 2017-janvier 2018. Les agents du régime l’ont pendu à la prison Dastgerd d’Ispahan le 5 août 2020.
Les agents du régime avaient sauvagement torturé les deux victimes pendant leur détention et interrogatoires. Ils les ont forcées à faire de faux aveux contre elles-mêmes. Les autorités les ont également privées de l’accès à un avocat. Elles ont toutes les deux nié les accusations portées contre elles pendant toutes les étapes de leur simulacre de procès.
Fin septembre, on compte 200 personnes exécutées en 2020
Fin septembre, L’Iran a exécuté au moins 200 personnes en 2020. Cela inclut cinq femmes et quatre mineurs, au moment des faits. Le régime des mollahs a exécuté au moins 18 personnes pour des accusations liées à la drogue.
De plus, au moins sept prisonniers politiques ont été exécutés en Iran. Une liste partielle des prisonniers politiques exécutés est présentée ci-dessous :
Mostafa Salimi, Abdolbaset Dahani, Hedayat Abdollahpour, Saber Sheikh Abdollah, Diako Rasoulzadeh, Mostafa Salehi, Navid Afkari Sangar.
Ces exécutions ont provoqué une indignation publique massive. Les utilisateurs des médias sociaux ont tweeté des millions de fois #StopExecutionsinIran et l’hashtag persan de #DoNotExecute. Ils ont ainsi exprimé leur dénonciation des problèmes liés à la peine de mort, maintenue et mise en oeuvre en Iran.
Le pouvoir judiciaire iranien a cependant continué à sévir contre les manifestants et les prisonniers politiques et à faire pression sur eux en prononçant de lourdes peines de prison.
L’Observatoire des droits humains en Iran demande instamment à toutes les organisations de défense des droits humains, aux Nations unies et au Haut-Commissaire aux droits humains, ainsi qu’au Conseil des droits humains, au Rapporteur spécial sur les exécutions arbitraires et au Rapporteur spécial sur les droits humains en Iran de prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux exécutions en Iran.
32 prisonniers politiques condamnés à mort en Iran
Amir Hossein Moradi
Saeed Tamjidi
Mohammad Rjabi
La justice iranienne a condamné à mort Amir Hossein Moradi, Saeed Tamjidi et Mohammad Rajabi, pour leur participation aux manifestations de novembre 2019 à Téhéran. Elle les accuse également d’être des « chefs d’émeute ».
Les forces de sécurité ont brutalement Amir Hossein lors des interrogatoires qui ont suivi son arrestation. Selon une source proche de sa famille, il a déclaré que les interrogateurs lui ont donné des chocs électriques. Puis, ses interrogateurs lui ont dit que s’il ne coopérait pas, son séjour en isolement serait prolongé. Il a également déclaré qu’un agent s’est tenu sur sa poitrine, endommageant sa cage thoracique.
Les agents ont donné des coups de pied à Mohammad Rajabi et Saeed Tamjidi. Ils les ont aussi pendus par les pieds, la tête en bas. Ils les ont battus à plusieurs reprises.
Le tribunal a utilisé les « aveux » d’Amir Hossein comme preuve pour les condamner tous les trois. Il a déclaré au juge lors de son procès qu’on l’avait forcé à avouer sous la torture. Par la suite, il s’est rétracté.
Saeed et Mohammad ont fui en Turquie après l’arrestation d’Amir Hossein. Toutefois, la Turquie les a déportés en Iran après les avoir arrêtés.
Hadi Kiani
Mehdi Salehi Qaleh Shahrokhi, 37 ans – Marié, père d’une fillette de 7 ans
Mohammad Bastami, 28 ans – Marié
Majid Nazari Kondari
Abbas Mohammadi, 29 ans – Marié, père de deux enfants
La deuxième branche du tribunal révolutionnaire d’Ispahan a condamné à mort Hadi Kiani, Mehdi Salehi, Mohammad Bastami, Majid Nazari et Abbas Mohammadi en mars 2020.
Hadi a été arrêté le 10 mars 2019 pour avoir participé à des manifestations nationales en janvier 2018. Il a été torturé au cours des interrogatoires pendant au moins 40 jours après son arrestation.
Le tribunal révolutionnaire avait retenu huit chefs d’accusation de sécurité nationale vaguement définis contre les cinq manifestants iraniens dans le couloir de la mort. Il s’agit de « corruption sur terre », « moharebeh » (inimitié contre Dieu) et « baghi » (rébellion armée) par l’utilisation d’armes à feu.
Mohammad Keshvari
Les agents répressifs ont arrêté Mohammad Keshvari pour son rôle dans les manifestations de novembre 2019. Un tribunal révolutionnaire l’a condamné à mort le 28 juin.
Mohayeddin Ebrahimi
La justice iranienne a condamné à mort le prisonnier politique kurde, à l’issue d’un procès inéquitable qui s’est appuyé sur des « aveux » obtenus sans la présence d’un avocat et sous la torture et autres mauvais traitements.
Les forces de sécurité l’ont pris pour cible, le 4 novembre 2017, alors qu’il travaillait comme porteur. Elles l’ont arrêté malgré ses blessures. Ebrahimi est détenu à la prison centrale d’Oroumieh. Il est marié et a un enfant handicapé.
Heidar Ghorbani
Le prisonnier kurde iranien Heidar Ghorbani, 47 ans, risque d’être exécuté pour « rébellion armée contre l’État » (baghi). Et ce, malgré de graves violations du droit à un procès équitable et la confirmation par le tribunal de première instance qu’il n’a jamais été armé. Sa condamnation est basée sur des « aveux » obtenus sous la torture lors de sa disparition forcée.
Hamid Rast Bala
Farhad Shakeri
Kabir Saadat Jahani
Mohammad Ali Arayesh
Isa Eid Mohammadi
Taj Mohammad Khormalie
Hakim Azim Gorgig19. Abdolrahman Gorgig
Hossein Varasteh Soleimani
Le tribunal révolutionnaire de Mashhad a condamné à mort neuf prisonniers sunnites. Les autorités les détiennent dans la prison de Vakilabad à Mashhad depuis 2019 pour adultère.
Anvar Khezri
Kamran Sheikhe
Farhad Salimi
Ghasem Abesteh
Khosro Besharat
Ayoub Karimi
Barzan Nasrollah
Les sept prisonniers politiques sunnites iraniens se trouvent actuellement dans la prison de Rajaï Chahr à Karaj, à l’ouest de Téhéran.
Les agents répressifs du régime ont arrêté ces hommes en 2009 pour le meurtre d’Abdolrahim Tina, un religieux sunnite. Le pouvoir judiciaire les a également accusés d’ « agir contre la sécurité nationale », « diffusion de propagande contre l’Etat », « appartenance à des groupes salafistes », de « corruption sur terre » et de « moharebeh » ou de faire la guerre à Dieu.
Ils ont nié le meurtre de l’ecclésiastique sunnite. Ils affirment que les forces de sécurité les ont arrêtés uniquement à cause de leurs activités religieuses. L’Iran est un pays à prédominance chiite et le régime fait preuve de discrimination envers la minorité sunnite.
Farhad Salimi, 42 ans, est un religieux sunnite de Saqqez, dans l’ouest de l’Iran. Qasem Abasteh, 41 ans, Davoud Abdollahi, marié et père de deux enfants, et Kamran Sheikheh, 36 ans, sont tous originaires de Mahabad, également dans l’ouest de l’Iran.
Les hommes ont déclaré que les agents du régime les ont gravement torturés lors de leur première détention pour faire de faux aveux. Au cours des 11 dernières années, on leur a refusé tout traitement médical et ils ont subi des pressions en prison.
Davoud Abdollahi
Le régime des mollahs l’a arrêté en 2009. Ce prisonnier est sunnite. Il est en détention à la prison de Gohardasht à Karaj.
Hossein Silawi
Ali Khasraji
Naser Khafajian (Khafaji)
Selon Amnesty International, les procédures qui ont conduit à la condamnation et au jugement de ces hommes étaient manifestement inéquitables. Les hommes ont déclaré que les autorités iraniennes les ont enfermés pendant des mois en isolement dans un centre de détention du ministère du renseignement à Ahwaz. Ils n’avaient aucun accès à leur famille ni à leurs avocats. Les agents du régime leur ont fait subir des tortures et autres mauvais traitements pour les faire « avouer », ce qui leur a valu des côtes ou des mains cassées.
Shaker Behrooz
La branche 2 du tribunal révolutionnaire d’Oroumieh a condamné à mort le prisonnier politique kurde Shaker Behrouz ,32 ans. Son avocat a appris sa condamnation à mort, le jeudi 10 septembre 2020. Les interrogateurs l’ont torturé pour lui faire faire de faux « aveux. »
Source : Iran HRM