CSDHI – Le récent document d’un travailleur social en Iran a fait la lumière sur les conditions de vie épouvantables dans les prisons iraniennes.
Le compte-rendu choquant de M. Ali Mohammadzadeh, qui aide les victimes de la toxicomanie dans les prisons, révèle les nouvelles dimensions des crimes commis pendant des années contre les détenus dans les cachots du régime clérical. Un focus est en particulier fait sur les prisonniers du couloir de la mort.
Des verdicts d’horreur
Le rapport reçu par Iran Human Rights Monitor fait la lumière sur les conditions de détention à l’intérieur des prisons iraniennes. Il révèle les méthodes du régime clérical pour terroriser les prisonniers.
Selon M. Mohammadzadeh, les autorités pénitentiaires appliquent une sentence appelée « verdict d’horreur » dans le but de terroriser les prisonniers. Cela lui permet également de prévenir de potentielles émeutes à l’intérieur des prisons.
Le verdict d’horreur est exécuté de cette manière : Ils emmènent le prisonnier du couloir de la mort en isolement, soi-disant pour purger sa peine. Parfois, ils gardent le détenu pendant deux ou trois jours. Ensuite, ils le renvoient dans son quartier.
Certains prisonniers sont même conduits à la potence puis renvoyés.
C’est l’une des pires formes de torture couramment pratiquées par le régime pour démoraliser et terroriser les détenus. Pendant ce transfert, le prisonnier perd tout espoir de vie et chaque seconde semble durer une éternité.
Un prisonnier du couloir de la mort vit au jour le jour, dormant chaque nuit de peur d’être exécuté le lendemain. Un condamné à mort attend à chaque instant que le gardien vienne le chercher.
Habituellement, après chaque exécution, les prisonniers sont très silencieux. Les prisonniers ont tissé des liens forts entre eux, car ils sont loin de leur famille. La dureté de la vie en prison les rapproche. Ainsi, lorsque l’un d’entre eux est exécuté, les autres détenus sont profondément attristés pendant des jours et même des mois. Ils sont effrayés et terrorisés.
Dans certains cas, le personnel pénitentiaire trompe les prisonniers. Ils leur disent qu’ils les emmènent à la clinique ou dans l’unité culturelle. Mais immédiatement après avoir quitté le service, ils attachent les mains et les pieds du prisonnier et l’emmènent en isolement, loin des yeux des autres prisonniers.
Les condamnations à mort
Certains prisonniers se coupent les poignets ou la veine jugulaire avec un objet pointu. Dans un cas, par exemple, un prisonnier du couloir de la mort s’est coupé la jugulaire. Il a tellement saigné qu’il était inconscient lorsqu’on l’a emmené à la potence.
Le personnel et les gardiens de la prison font de leur mieux pour empêcher la fuite des informations sur les exécutions et le nombre de personnes exécutées. Les autorités du régime font également pression sur les familles des victimes pour qu’elle ne parle pas aux médias.
Dans de nombreux cas, les personnes exécutées sont innocentes. Le pouvoir judiciaire les a condamnés à mort lors de procès qui n’ont duré que 20 minutes. Des procès pendant lesquels ils n’ont pas eu accès à leurs avocats.
Le régime iranien exécute de nombreux prisonniers, pour leurs croyances, pour une critique qu’ils ont faite ou pour leur désaccord. Il les exécute en l’absence d’un État de droit et selon des décisions arbitraires des juges. Ensuite, leurs corps sont enterrés dans un silence absolu sans que leurs familles en soient informées. Les autorités pénitentiaires font même payer aux familles le prix de la corde qu’elles utilisent pour pendre les prisonniers.
Le moment le plus difficile pour les prisonniers du couloir de la mort est la dernière visite à leur famille. Trente minutes dont sa famille se souviendra pour toujours.
Rendre les prisonniers dépendants
L’une des méthodes utilisées par les autorités pénitentiaires pour maintenir le calme parmi les prisonniers et prévenir les émeutes, est la distribution systématique de drogues addictives.
Le dispensaire de la prison distribue de la méthadone aux détenus. Après un certain temps, ils deviennent dépendants à la méthadone. Très vite, ils peuvent être facilement contrôlés. Ils ne protestent pas de peur de perdre leur part de méthadone.
Le personnel et les agents de la prison distribuent et vendent systématiquement tous les types de drogues aux détenus. Le personnel pénitentiaire contrôle la quantité de drogue qui entre dans la prison et dans les couloirs. Cette distribution de drogue leur rapporte d’importants bénéfices et permet en même temps de maintenir le calme et le contrôle des prisonniers.
Dans le cas des prisonniers qui sont emmenés dans des cellules d’isolement pour les préparer à leur exécution le lendemain, ils leur donnent de fortes doses de comprimés hallucinogènes et de drogues. Au moment où ils sont conduits à la potence, ils sont presque inconscients. Ils ne peuvent pas protester ou faire quoi que ce soit.
Augmentation du nombre d’exécutions
En 2016, le nombre d’exécutions a explosé dans la prison de Karaj. Le personnel avait fabriqué un système mécanique qui permettait d’exécuter 12 personnes en même temps.
Les autorités procèdent aux exécutions à Rajaï Chahr, Mashhad, Zahedan, Oroumieh et à la prison centrale de Karaj dans le silence absolu de la presse.
Orchestrer des combats entre les détenus
Les combats sont fréquents parmi les prisonniers. Le personnel et les agents pénitentiaires dirigent ces combats. Les directeurs et les gardiens de prison utilisent cette méthode pour blesser ou même éliminer des prisonniers. C’est un moyen sûr, sans qu’aucune preuve ne permette de remonter jusqu’aux autorités.
Rassembler et maintenir des prisonniers politiques et des prisonniers ordinaires au même endroit exerce de fortes pressions sur les prisonniers politiques. Parfois, leurs propres codétenus les tuent. Ces derniers les harcèlent et les torturent. Et les autorités pénitentiaires s’en lavent les mains.
Source : Iran HRM