CSDHI – Le chef du pouvoir judiciaire iranien, le juge de la Commission de la mort Ebrahim Raïssi, a déclaré samedi sa candidature à l’élection présidentielle, le mois prochain.
« Je suis venu en tant qu’indépendant sur la scène pour apporter des changements dans la gestion exécutive du pays et pour lutter contre la pauvreté, la corruption, l’humiliation et la discrimination », a déclaré Raïssi dans un communiqué publié par les médias locaux.
Nommé par le Guide suprême du régime, Ali Khamenei, à la tête du pouvoir judiciaire en mars 2019, Raïssi s’est imposé comme l’une des personnalités les plus puissantes d’Iran et un prétendant à la succession de Khamenei.
Il a perdu contre Hassan Rohani lors de l’élection présidentielle de 2017.
Le vote a lieu dans un contexte de violations systématiques des droits humains en Iran sous toutes ses formes.
Lors du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, Raïssi était membre de la « Commission de la mort », un groupe de soi-disant juges qui condamnaient les prisonniers à mort lors de procès qui ne duraient que quelques minutes.
620 exécutions sous la direction du juge de la Commission de la mort Ebrahim Raïssi
Plus de 620 exécutions ont eu lieu en Iran depuis l’entrée en fonction du juge de la Commission de la mort Ebrahim Raïssi. Le régime a exécuté de nombreux prisonniers à l’issue de procès extrêmement inéquitables. Un grand nombre d’entre eux appartenaient à des groupes ethniques minoritaires.
Le régime iranien détient du record mondial d’exécutions par habitant, d’exécutions de mineurs délinquants et de femmes.
Le régime iranien a recouru à la peine de mort pour toute une série de crimes non violents, notamment la consommation de drogues et d’alcool et l’imprécision intentionnelle du mot « Moharebeh », c’est-à-dire la guerre contre Dieu.
Au moins 22 prisonniers politiques figurent parmi les personnes exécutées pendant le mandat de Raïssi en tant que chef du pouvoir judiciaire du régime. Il s’agit notamment des personnes suivantes :
Le 23 avril 2020 : Abdol-Basset Dahani, exécuté après des aveux sous la torture.
Le 11 avril 2020 : Mostafa Salimi, pendu pour avoir participé à une évasion de prison à cause de la pandémie du coronavirus arrivée pour la première fois en Iran.
Le 11 mai 2020 : Hedayat Abdollahpour.
Le 14 juillet 2020 : Diako Rasoulzadeh et Saber Sheikh Abdollah, pendus après des aveux sous la torture.
Le 5 août 2020 : Mostafa Salehi pendu pour avoir participé aux manifestations de décembre 2017-janvier 2018.
12 septembre 2020 : Le champion de lutte, Navid Afkari, 27 ans, pendu pour son rôle dans les manifestations d’août 2018.
Le 26 décembre 2020 : Abdolhamid Mir-Baluchzehi, 30 ans, pendu à la prison de Zahedan, après avoir été torturé.
Le 12 décembre 2020 : Rouhollah Zam.
Le 31 décembre 2020 : Les prisonniers politiques sunnites Hamid Rastbala, Kabir Sa’adat Jahani et Mohammad Ali Arayesh, exécutés à la prison de Vakilabad.
Le 3 janvier 2021 : Hassan Dehvari, 28 ans, Elias Qalandarzehi, 21 ans, et Omid Mahmoudzehi, exécutés à Zahedan. Tous ont été torturés avant leur exécution.
Le 28 février 2021 : Quatre hommes de la minorité arabe d’Iran, Nasser Khafajian, Ali Khasraji, Hossein Silawi, pendus à Ahwaz après avoir été gravement torturés.
Le 30 janvier 2021 : Javid Dehghan, 31 ans, membre de la minorité ethnique baloutche d’Iran, exécuté à Zahedan.
Le 4 août 2019 : Abdollah Karmollah Chab et Ghassem Abdollah, membres de la minorité arabe ahwazi d’Iran, exécutés après des mois de torture au cours desquels ils ont tous deux dû faire de faux aveux.
Torture et aveux forcés
Des tactiques illégales et inhumaines visant à extorquer de faux « aveux » en violation des normes internationales d’équité ont continué à être pratiquées en Iran sous le règne du juge de la Commission de la mort Ebrahim Raïssi. Outre les agressions physiques, les humiliations sexuelles et les violences verbales, les tactiques utilisées pour obtenir de fausses déclarations des détenus comprennent des séances d’interrogatoire prolongées.
Le régime iranien bat et torture les prisonniers politiques et non politiques dans le cadre de sa politique. Mais il nie tout recours à la torture. Le régime a utilisé les aveux forcés du prisonnier politique et manifestant Navid Afkari. Il les lui a extorqués sous la torture, pour l’incriminer devant un tribunal. Puis il a pendu Navid Afkari, le 12 septembre 2020.
Diverses informations indiquent que les agents du régime ont « fréquemment encapuchonnés ou bandé les yeux » des manifestants arrêtés et détenus lors des manifestations de novembre 2019. Ils les ont frappés à coups de poing, de pied et de fouet ; battus avec des bâtons, des tuyaux d’arrosage en caoutchouc, des couteaux, des matraques et des câbles ; suspendus ou forcés à rester dans des positions de stress douloureuses pendant des périodes prolongées ; privés de nourriture suffisante et d’eau potable ; placés à l’isolement prolongé, parfois pendant des semaines, voire des mois ; et privés de soins médicaux pour des blessures subies pendant les manifestations ou à la suite de tortures »
Les interrogateurs et les autorités pénitentiaires ont également eu recours à des violences sexuelles contre des prisonniers masculins.
Les détenus ont également subi des pressions psychologiques et physiques intolérables pour qu’ils avouent avoir des contacts avec des groupes d’opposition, des défenseurs des droits humains et des médias et gouvernements étrangers.
Châtiments dégradants et cruels
Le régime iranien a continué à recourir à des châtiments dégradants sous la direction du juge meurtrier Ebrahim Raïssi. Pourtant, toutes les conventions internationales relatives aux droits civils et politiques ont interdit le recours à des châtiments inhumains. Par exemple, la flagellation et l’amputation. Les tribunaux révolutionnaires ont infligé des peines de flagellation à des dizaines de membres de minorités religieuses, de manifestants et de dissidents, ainsi qu’à des personnes accusées d’adultère et de vol, entre autres.
Parmi les personnes fouettées par le juge meurtrier Ebrahim Raïssi figurent : Zaman (Saheb) Fadaï, converti au christianisme, Davood Rafi’i, militant syndicaliste, Ahmadreza Haeri, manifestant pacifique, Rassoul Taleb Moghadam, membre du syndicat des travailleurs de la compagnie de bus de Téhéran et de sa banlieue, Zohreh Sarv, militante des médias sociaux, Ali Azizi et Eliar Hosseinzadeh, militants azerbaïdjanais des droits humains, Peyman Mirzazadeh, chanteur kurde et prisonnier d’opinion, Elham Ahmadi, membre emprisonné de l’ordre soufi Gonabadi.
La situation des prisons
Le régime iranien a violé ses obligations fondées sur les pactes internationaux relatifs au droit à la vie et à la santé des prisonniers. Il a exercé une pression énorme sur les prisonniers. Les prisonniers d’opinion et les prisonniers politiques ont subi une pression croissante. Il les a harcelés, maltraités et torturés dans les prisons.
De nombreuses informations font état d’un isolement cellulaire illimité, de refus de traitement aux prisonniers, de la fabrication de nouvelles affaires contre des militants emprisonnés et de passages à tabac et d’agressions de prisonniers sur l’ordre du juge meurtrier Ebrahim Raïssi.
Le décès du prisonnier d’opinion Behnam Mahjoubi, survenu le 21 février 2021, à la suite de problèmes médicaux non traités, notamment de graves problèmes neurologiques, a mis en lumière la triste situation des prisonniers, en particulier des prisonniers d’opinion et des prisonniers politiques.
De nombreux autres prisonniers sont tombés gravement malades ou souffrent depuis longtemps de problèmes médicaux graves. Car ils ne reçoivent aucun soins dans les prisons iraniennes.
Les autorités pénitentiaires et les procureurs ont délibérément privé les prisonniers politiques et les prisonniers d’opinion de soins médicaux.
Violation de la liberté d’expression, d’association et de réunion
L’ampleur des peines d’emprisonnement et des condamnations prononcées à l’encontre de militants des droits de l’homme et de dissidents pacifiques, ainsi que les traitements cruels qu’ils ont subis, révèlent les mesures extrêmes prises par le régime iranien pour réprimer la dissidence pacifique.
Après la nomination du juge Ebrahim Raïssi, un meurtrier, à la tête du pouvoir judiciaire, des dizaines de militants pacifiques et de dissidents ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, voire à l’exécution, pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression.
L’un des exemples les plus choquants est celui des frères Afkari, Vahid et Habib, arrêtés pendant les manifestations de juillet 2018. La justice les a condamnés à la flagellation et à l’emprisonnement. Un tribunal révolutionnaire a condamné Vahid Afkari à 54 ans et 6 mois de prison et 74 coups de fouet, et Habib Afkari à 27 ans et 3 mois de prison et 74 coups de fouet.
En outre, des blogueurs et des journalistes sont emprisonnés, et même exécutés, sur la base d’accusations vagues. Les personnes emprisonnées, comme Soheil Arabi, sont soumises à de graves tortures.
Source : Iran HRM