CSDHI – Quelques 28 millions de personnes sur les 85 millions d’habitants que compte l’Iran vivent dans des zones soumises à un grave stress hydrique, principalement dans les régions du centre et du sud du pays. Dans le même temps, selon les informations des 31 provinces du pays, 30 d’entre elles connaissent un stress hydrique. La pénurie d’eau frappe tous les segments de la société, des ménages urbains aux communautés agricoles rurales.
L’eau : un bien plus que précieux en Iran
Aux yeux des Iraniens, les ressources en eau ont toujours été un bien précieux. Que ce soit d’un point de vue religieux, personnel ou historique. Au cours des derniers millénaires, la civilisation iranienne s’est formée et développée autour des rivières ou des exutoires des qanats. La plupart des villes sont nées d’un système basé sur l’agriculture. Celle-ci dépendait entièrement de l’irrigation fluviale et des qanats. L’Iran étant un pays au climat essentiellement aride et semi-aride, l’eau a toujours été une priorité absolue pour ses habitants, qui ont une longue tradition de gestion durable de l’eau. Les qanats, ou canaux d’eau souterrains, ont toujours été efficaces pour conserver l’eau. Les barrages et les structures permettant d’économiser l’eau ont également attiré l’attention des premiers Iraniens, comme l’attestent les vestiges de nombreuses structures hydrauliques construites à partir de 240 environ.
Le régime démolit le paysage aquatique
Cependant, à l’instar d’autres changements socio-économiques spectaculaires survenus au XXe siècle, le paysage aquatique de l’Iran a également été modifié. De grands barrages ont été construits, des rivières ont été détournées, les règles traditionnelles de partage de l’eau ont été abolies, des zones humides ont été asséchées. Le régime des précipitations a changé, tandis que la demande et les prélèvements d’eau ont augmenté de façon non négligeable.

La question est donc de savoir pourquoi l’Iran est confronté à une crise de l’eau. En examinant les données sur les précipitations, on constate qu’il n’y a pas eu de changements significatifs dans les régimes de précipitations au cours des dernières années. De plus, comme on le sait, l’Iran est un pays historiquement connu pour être le pays de la sécheresse et des inondations, et les gens qui habitent cette région se sont adaptés à un tel environnement, à ses régimes climatiques. Ils ont établi une civilisation importante.
C’est la « mafia de l’eau » qui a épuisé les eaux souterraines
Les politiciens iraniens n’ont cessé de blâmer le changement climatique, les sécheresses et le manque de précipitations pour les pénuries d’eau actuelles. Les inondations dévastatrices de ces dernières années ont causé de nombreuses pertes de vies humaines et des dommages économiques. Bien qu’il s’agisse d’un problème grave, une étude publiée en 2021 dans la revue Nature a affirmé catégoriquement que la majeure partie de l’épuisement des eaux souterraines en Iran est « anthropique », ce qui signifie qu’elle est causée ou exacerbée par l’activité humaine.
En Iran, toutes les crises environnementales ont été causées par le régime clérical. Même les experts affiliés au régime admettent que celui-ci joue un rôle majeur dans la création de crises environnementales, notamment la déforestation, le surpâturage des pâturages, les affaissements de terrain, le pillage des ressources en eau et la désertification accrue. Le régime clérical iranien a détruit l’équilibre écologique naturel du pays à un point tel que la plupart de ces dévastations sont irréversibles.
Les responsables du régime et certains experts étrangers et nationaux tentent de lier la gravité de la pénurie d’eau à la sécheresse, au changement climatique et au réchauffement de la planète au lieu de la lier à la fameuse « mafia de l’eau » iranienne.
D’autres lient la pénurie d’eau à la mauvaise gestion, à la corruption et au pillage des ressources en eau. Mais cela pourrait être quelque peu trompeur. Depuis le soulèvement antimonarchique de 1979, le régime clérical iranien a habilement géré les richesses, les ressources naturelles et les ressources en eau du pays au nom des « démunis », mais au profit des immenses fondations religieuses placées sous la supervision du Guide suprême, des pasdarans, des religieux d’élite et de leurs affiliés.
Les aquifères épuisés par la sur-extraction des ressources hydrauliques souterraines
Une sur-extraction massive des ressources en eau souterraine ont épuisé les aquifères iraniens. Le nombre de puits profonds a augmenté sous le règne des religieux. Les entreprises affiliées aux pasdarans construisent sans relâche des barrages, quelle que soit leur utilité pour la nation, sans aucune considération environnementale, et pratiquent des cultures gourmandes en eau, qui sont à nouveau sous le contrôle des pasdarans, des religieux d’élite ou des fondations sous la supervision du Guide suprême iranien. Les agriculteurs touchés par les pénuries d’eau fuient leurs villages pour vivre dans des baraques et des campements insalubres à la périphérie des villes.
Ces dernières années, le régime a donné à certains citoyens privilégiés la permission tacite ou explicite d’exploiter des ressources en eau difficilement renouvelables, par des moyens tels que les puits illégaux. Selon certaines estimations, il y aurait entre 600 000 et 1 000 000 de puits sans permis. Les barrages et les investissements dans les projets de transfert d’eau ont exacerbé le problème de la pénurie d’eau, car le gouvernement n’a pas créé les infrastructures appropriées pour garantir le contrôle des inondations et leur absorption dans les aquifères souterrains.
La gestion des bassins versants étant quasiment inexistante. Le régime aurait pu stocker et utiliser une quantité importante d’eau de crue et de pluie. Or il l’a gaspillée.
La mauvaise gestion de l’eau ont cause des problèmes socio-économiques interdépendants
Dans le cas de la pénurie d’eau en Iran, des décennies de mauvaise gestion ont transformé la pénurie d’eau en une crise nationale et causé plusieurs problèmes socio-économiques interdépendants. Les résultats indiquent que l’inefficacité de la gestion et de la surveillance de la pénurie d’eau et le manque de normalisation et de tarifs appropriés sont les défaillances les plus importantes du système de pénurie d’eau. Mais le plus important de tous est l’implication de la politique du régime en matière de gestion de l’eau, pendant ses 42 ans de règne. Elle a conduit le pays à cette situation désastreuse.

Des manifestations ont eu lieu dans tout l’Iran pour réclamer de l’eau et exprimer la solidarité avec les villes et les agriculteurs privés d’eau du Khouzistan, d’Ispahan, du Bakhtiari, du Sistan-Baloutchistan et d’ailleurs, ainsi qu’à Téhéran, Tabriz, Bojnourd, Saghez et d’autres grandes villes. Les gens ont exprimé leur colère et leur mécontentement à l’égard de la classe dirigeante. Cette dernière a répondu en envoyant la police anti-émeute, en tuant, en blessant, en procédant à des arrestations et en tentant de couper les médias sociaux.
Le Guide suprême répond au peuple qui demande de l’eau par une répression sans précédent
Alors que le Guide suprême Ali Khamenei a exprimé sa sympathie pour les revendications des manifestants et promis que l’eau serait une priorité absolue, sa police anti-émeute a réprimé les revendications des agriculteurs avec la plus grande force. Les meurtres brutaux et la répression des agriculteurs du Khouzistan et d’Ispahan ont servi d’exemple. Jusqu’à présent, lui et ses responsables n’ont pas réussi à améliorer la gestion des ressources en eau ni à s’attaquer aux problèmes liés au changement climatique.
Il semble que les dirigeants iraniens soient conscients de la crise et de ses répercussions sur les moyens de subsistance ainsi que sur les questions plus générales de stabilité et de sécurité nationales. Cependant, en raison de sa nature corrompue et inhumaine, l’ensemble du système est incapable d’offrir une quelconque solution.
Tant que les eaux de surface seront sous le contrôle des pasdarans et que l’exploitation des eaux souterraines sera entre les mains de la mafia de l’eau du ministère de l’Énergie (affilié aux pasdarans), les tentatives pour calmer les agriculteurs en leur faisant de vaines promesses, sont totalement vides de sens. Connaissant la nature des religieux au pouvoir et la corruption dominante aux plus hauts niveaux du gouvernement iranien depuis 42 ans, de telles promesses sont vaines. Le secteur public, lié au cercle du pouvoir, n’est pas mieux. Les projets d’agriculture et d’irrigation sont gangrenés par le népotisme et le mercantilisme.
Source : Iran News Wire