CSDHI – Le mouvement de grève s’étend en Iran, où les travailleurs du secteur pétrolier et d’autres industries protestent contre des augmentations de salaire insuffisantes dans un contexte d’inflation galopante.
Selon le Conseil pour l’organisation des manifestations des travailleurs contractuels du pétrole et du gaz, au moins 30 entreprises de projets pétroliers et gaziers, de raffineries, de mines et d’usines sidérurgiques sont actuellement touchées par un mouvement de grève, qui dure depuis des mois.
Lors de la dernière série de manifestations, qui a débuté le 21 avril, les travailleurs contractuels réclament une augmentation de salaire de 79 %, une réduction du nombre d’heures et de jours de travail, une amélioration des conditions de logement et un environnement de travail plus sûr.
Les travailleurs ont rejeté une proposition du Conseil suprême du travail, qui se compose de représentants des travailleurs, des employeurs et du gouvernement, visant à augmenter le salaire minimum des travailleurs de 27 %, alors que le taux d’inflation avoisine les 50 % depuis un an.
« L’augmentation de salaire de cette année n’est pas suffisante pour faire face à la terrible inflation », explique à IranWire un employé du projet pétrochimique de Gachsaran qui a souhaité garder l’anonymat.
« Dans la plupart des projets pétroliers, gaziers et pétrochimiques confiés à des entrepreneurs, les contrats sont signés en dollars et en euros. Cependant, les travailleurs sont payés le moins possible en rial (la monnaie nationale), et ne sont souvent payés que tous les quelques mois. Cette grève vise à changer cette situation, et nous continuerons jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif », déclare-t-il.
« Les médias iraniens ne couvrent pas notre actualité », ajoute le travailleur. « Les fonctionnaires du ministère du pétrole et du ministère du travail sont restés silencieux, et la Chambre du travail (un organe affilié à l’État qui traite de questions telles que le chômage et les conditions de travail), qui privilégie généralement les intérêts des employeurs par rapport à ceux des travailleurs, n’a pas tenu compte de ce mouvement de grève.
Les protestations antigouvernementales généralisées déclenchées par la mort, en septembre 2022, d’une jeune femme en garde à vue ont donné un nouveau souffle aux manifestations des travailleurs. Le mouvement de grève lancé dans de nombreux endroits l’année dernière a été violemment réprimé par les forces de sécurité, qui ont arrêté au moins 250 travailleurs contractuels du pétrole et du gaz.
Peyman Shajirati, militant syndical et ancien ouvrier du Khuzestan National Steel Group, déclare que « la principale revendication de la nouvelle campagne est d’augmenter les salaires de 79 % et d’établir des contrats de travail basés sur un mois de travail de 20 jours ».
Shajirati souligne que les travailleurs des projets n’ont pas de contrats à long terme et qu’ils travaillent souvent sans contrat, ce qui signifie qu’ils peuvent être facilement licenciés.
« En outre, les travailleurs des projets sont privés d’équipements de base dans leurs logements, tels que des réfrigérateurs adéquats, et manquent d’équipements de sécurité essentiels tels que des casques, des gants et des masques, qui ne sont pas disponibles ou qui sont mal ajustés », a-t-il ajouté.
M. Shajirati insiste sur le fait que ces questions ont été portées à l’attention des entreprises contractantes à de nombreuses reprises. Il accuse ces entreprises de créer des conditions de travail assimilables à de l’esclavage pour les travailleurs contractuels.
D’énormes pertes financières pour le régime
Le militant syndicaliste souligne que le mouvement de grève en cours touche l’une des industries les plus sécurisées d’Iran et qu’il a impliqué environ 100 000 travailleurs depuis le 21 avril.
« Cette dispersion et cette ampleur sont d’autant plus remarquables qu’en Iran, les syndicats ne sont pas autorisés à avoir des organisations indépendantes ou des syndicats échappant au contrôle du gouvernement », ajoute-t-il.
Selon M. Shajirati, les grèves ont entraîné des pertes financières massives pour les propriétaires des projets concernés, qui sont principalement contrôlés par le Corps des gardiens de la révolution islamique, des institutions militaires et des organisations liées au gouvernement.
Source : Iran Wire