CSDHI – Afin d’offrir des protections contre le filicide (le meurtre intentionnel d’un parent sur son enfant), il faut mettre fin au cercle vicieux de la violence. Celui-ci est alimenté par la peine de mort et les lois discriminatoires.
Le cercle vicieux de la violence est responsable de la croissance des filicides
Iran Human Rights considère que le cercle vicieux de la violence, exacerbé par des châtiments cruels et inhumains comme le qisas (châtiment en nature) et les lois discriminatoires, est responsable de l’augmentation des cas de filicide.
L’Iran est l’un des principaux bourreaux du monde. L’application de la peine de mort est très répandue. La peine de mort est imposée pour des accusations telles que les relations sexuelles consenties, la consommation d’alcool et l’insulte au prophète. Ce ne sont pas des actes criminels selon le droit international. L’utilisation généralisée de la peine de mort par le gouvernement brise le tabou du meurtre dans l’esprit des gens. Et il propage la violence dans la société », a déclaré Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d’Iran Human Rights.
Il a ajouté : « De tels actes sont légitimés par les lois discriminatoires du code pénal islamique. Ils font preuve de clémence à l’égard d’un père ou d’un grand-père paternel assassinant ses (petits) enfants ou d’un musulman assassinant un non-musulman. La seule solution durable est l’abolition complète de la peine de mort, y compris le qisas, et l’égalité de tous les citoyens devant la loi. »
Barbak Khorramdin assassiné et démembré par ses parents
En mai, la société iranienne a été choquée par l’assassinat et la mutilation du cinéaste Babak Khorramdin par ses parents. Maus aussi, par les révélations ultérieures de ces derniers, au cours de la première phase de l’enquête, selon lesquelles ils avaient assassiné leur fille et leur gendre de la même manière. Peu de temps après, la nouvelle d’une mère tuant ses deux jeunes enfants a lancé une polémique nationale sur le filicide et les causes profondes de cette violence.
Il n’existe pas de statistiques officielles sur le nombre de cas de filicide en Iran. Pourtant, les avocats et les sociologues se sont penchés sur le sujet. Ils affirment qu’il y a eu une augmentation du nombre de cas ces dernières années. Les dernières informations et déclarations indiquent que les cas récents de filicide rapportés dans les médias sont révélateurs d’une situation plus générale. En effet, le filicide est plus courant que les quelques cas qui attirent l’attention des médias.
Les autorités iraniennes ne s’attaquent pas au problème
Entre-temps, les responsables et les législateurs de la République islamique n’ont montré aucune intention de s’attaquer à ce problème, malgré les protestations généralisées des militants de la société civile.
De nombreux juristes et sociologues citent parmi les facteurs aggravants les lois discriminatoires fondées sur la religion. Celles-ci exemptent le père ou le grand-père paternel du qisas pour le meurtre de leurs (petits-)enfants. Les lois discriminatoires s’appliquent également aux musulmans qui assassinent des non-musulmans et au meurtre de personnes homosexuelles.
De nombreux filicides sont des crimes d’honneur
Bon nombre des cas de filicide signalés récemment dans les médias sont des meurtres d’honneur. Certaines informations suggèrent que lorsque les meurtres d’honneur sont commis par d’autres membres de la famille, le père de la victime sera forcé d’assumer la responsabilité de la famille en raison de l’immunité qui lui est accordée par la loi.
D’autre part, on accorde moins d’attention aux hommes victimes de meurtres d’honneur. Ce sont principalement des hommes homosexuels, en raison des définitions désuètes des crimes d’honneur. En plus de l’immunité accordée au père et au grand-père dans ces cas, la loi étend l’immunité dans le meurtre d’hommes homosexuels.
Immunité pour le meurtre d’hommes homosexuels
L’homosexualité est punissable par la flagellation et la mort en vertu de l’article 234 du Code pénal islamique. Il établit les peines hadd (peine fixe pour les infractions prévues par la charia) pour la sodomie. L’article 302 de la nouvelle IPC établit une liste de ceux qui sont mahdoor-ol-dam, dont le sang peut être versé avec l’immunité ou méritant la mort. L’article 302(a) stipule que toute personne accusée d’avoir commis un crime contre un individu ayant commis un crime hadd punissable de mort est considérée comme mahdoor-ol-dam. Les auteurs du meurtre ne seront pas condamnés au qisas ou n’auront pas à payer la diya (prix du sang).
Ces lois discriminatoires agissent comme des feux verts aux meurtres et aux violences commis. Ils doivent être abolies pour mettre fin au cercle vicieux de la violence dans la société iranienne.
Source : IHR