CSDHI – Iran, le 16 septembre 2018 – L’exécution des prisonniers politiques kurdes par le régime iranien la semaine dernière a provoqué l’indignation internationale et une grève généralisée des commerçants dans plusieurs villes iraniennes.
Mais selon les détenus qui se trouvaient dans la même prison et le même quartier que Ramin Hosseinpanahi, Loghman Moradi et Zaniar Moradi, les trois prisonniers exécutés n’ont pas seulement été privés de leurs droits judiciaires les plus élémentaires, mais ils ont également été privés du droit de dire adieu à leurs camarades co-détenus et à leurs familles.
Dans une lettre ouverte qui est secrètement sortie de la prison, le prisonnier politique iranien Hassan Sadeghi, qui partageait la même section que Zaniar et Loghman dans la prison iranienne de Gohardasht, a révélé des détails accablants sur les circonstances qui ont conduit à l’exécution des prisonniers politiques, rappelant la violence et la terreur qui ont sévi durant toute l’histoire du régime des mollahs.
Réitérant les périodes pendant lesquelles le régime iranien a procédé à de nombreuses exécutions de membres de l’opposition iranienne, Sadeghi, qui a passé de nombreuses années dans les prisons du régime iranien, a écrit : « L’été 1981 a été impitoyable, comme l’été 1988 et 2018 ».
« En septembre 1981… nous étions 100 jeunes, âgés de 15 à 20 ans, dans une section où nous partagions nos peines et nos joies. Pas un jour ne s’est passé sans que 10 à 15 personnes ne soient exécutées. Les noms étaient appelés vers midi par les haut-parleurs de la prison, qui résonnaient sur nous comme le glas », a écrit Sadeghi. Les prisonniers avaient alors environ une heure pour emballer leurs affaires et faire leurs adieux à leurs amis et à leurs codétenus. « Ils ne perdraient pas une heure, ils embrasseraient les autres détenus et leur disaient adieu. Quand ils étaient partis, nous attendions les bruits des coups de feu, qui indiquaient la fin l’exécution. Nous comptions les coups de feu, (qui indiquaient combien de prisonniers avaient été exécutés) ». Parfois, le nombre de coups de feu s’élevaient à 30 ou 50, en une seule journée », raconte Sadeghi.
« En septembre 1988, une seule question a été posée et un « oui » ou « non » a déterminé le sort du prisonniers », raconte Sadeghi, faisant référence au massacre de 1988, où le régime iranien a exécuté plus de 30 000 prisonniers politiques dans le pays en l’espace de quelques mois. On a demandé aux prisonniers s’ils allaient se repentir de leurs liens et de leur soutien au groupe d’opposition iranien l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI / MEK). S’ils ne le faisaient pas, ils seraient immédiatement envoyés à la potence.
Encore une fois, lorsque les noms ont été appelés, il était temps pour eux de dire au revoir avant que les prisonniers ne soient emmenés, écrit Sadeghi, même si personne n’a eu connaissance de leur sort exact.
« Mais le 5 septembre, cette fois en 2018, ils n’ont même pas déclaré de noms », a déclaré Sadeghi. « Ils ont dit que l’administration de la prison avait convoqué Zaniar, ce qui était assez courant. Une demi-heure plus tard, ils ont appelé Loghman, ce qui était aussi assez banal. Nous avons pensé qu’ils étaient conduits au service administratif pour appeler leurs familles.
Mais une heure plus tard, tous les téléphones de la prison ont été coupés, raconte Sadeghi, et lorsque les prisonniers ont demandé aux gardiens, on leur a dit qu’un véhicule utilitaire avait accidentellement coupé les câbles téléphoniques. « Nous avons commencé à nous inquiéter pour Loghman et Zaniar», écrit Sadeghi.
« En 1981, ils ont appelé des noms et nous savions à quoi nous attendre. En 1988, ils ont appelé des noms et nous savions à quoi nous attendre », écrit Sadeghi. « Mais cette fois-ci, nous nous sommes retrouvés dans l’ignorance de ce qui leur était arrivé. Pourquoi l’administration pénitentiaire ment-elle ? Pourquoi les prisonniers ne reviennent-ils pas ?
Trois jours plus tard, les prisonniers de Gohardasht ont appris que leurs codétenus, Loghman et Zaniar Moradi, avaient été exécutés et qu’ils n’avaient même pas eu la chance de leur dire au revoir, dit Sadeghi.
« En l’espace de 40 ans, ce régime n’a imposé aucune limite à ses crimes et il remplit les jours et les mois du sang de ses victimes », écrit Sadeghi. « Ils sont morts, mais les souvenirs des étés remplis de sang dans les prisons iraniennes resteront jusqu’à et après que l’avènement de la liberté éclaire ma patrie ».
Source : Mojahedeen.org – 14 septembre 2018