CSDHI – En février, un massacre délibéré a été mené méthodiquement par les autorités en Iran. Tout à coup, surgi de nulle part, l’ange noir, la vice-présidente chargée des affaires familiales a annoncé avec sang-froid – très froid, type reptilien d’un autre âge – que la moitié de la population d’un village avait été exécutée.
Il s’agit d’un village reculé du Sistan-Balouchistan dans le sud-est de l’Iran, province très pauvre et très réprimée en raison de la confession sunnite de la population. Les persécutions et les injustices y sévissent à foison. Elle partage la frontière avec l’Afghanistan et le Pakistan, et il y existe un trafic de drogue.
Mais dans un pays où le moindre éternuement est contrôlé en termes de décibels et où la vie privée est soumise à une batterie de règlements, on imagine bien que le trafic de drogue ne fait florès que dans les mains des autorités. Elles distribuent à tout va de la drogue pour s’enrichir, certes, mais aussi pour enfoncer la tête de la population affamée, appauvrie, excédée par la répression, assoiffée de liberté.
C’est justement à travers ce prétexte en or de délit de drogue que le régime iranien multiplie les exécutions à grande échelle. Quel meilleur prétexte pour cultiver le climat de terreur et se débarrasser des opposants?
Ce massacre organisé dans un village en Iran n’a provoqué dans les démocraties européennes aucun soulèvement de sourcil, aucun effarement même rapide dans les regards, aucune gorge serrée au point de bloquer un instant une gorgée de café ou une bouchée de sandwich, rien, pas même un haut le coeur.
Et pourtant, un village, cela représente au moins quelques centaines de personnes, un bourg de 800 habitants, cela fait 400 hommes et adolescents pendus.
On imagine sans peine des camions militaires débarquer dans les ruelles, des barbus fouiller les maisons et en tirer tous les hommes, jeunes et vieux, des femmes hurlant, pleurant, cherchant à sauver leurs fils, leurs maris, leurs pères, leurs frères… Des potences qui se dressent et une longue file de victimes qui attendent leur tour de mourir. Des effluves barbares des années 1940 qui remontent et vomissent dans les mémoires…
Ces femmes, qui ne sont rien en Iran, vont payer la double peine de voir assassiner les leurs, un par un, et de devoir survivre dans une misère encore plus noire…
Les SS l’ont fait, en pire, à Oradour et dans tant d’autres Oradour en Europe. Le monde l’a condamné. On l’enseigne dans les livres d’Histoire pour que plus jamais cela ne se reproduise.
En Iran c’est passé comme une lettre à la poste et on y a mis le tampon de « modéré ». Rohani le président « modéré », qui affiche au compteur de 2015, ses 966 exécutions. En janvier 2016, il y a eu 63 pendaisons et en février… 3. Certains diront, vous voyez, ça baisse ! Effectivement, avec la moitié d’un village exécuté, on est malheureusement près des 500 pendaisons, voire plus. Qui saura le nombre exact ?
Après les fêtes du nouvel an iranien, Norouz, le 21 mars, les potences recommenceront à fonctionner ouvertement, et peut-être qu’un autre village connaitra lui aussi le sort d’Oradour. Une nouvelle manière de sévir.