Le Monde – 15 juin 2012 Trois ans après l’élection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009, les voix contestataires sont toujours réduites au silence en Iran et la répression gouvernementale ne faiblit pas. Une dizaine d’artistes d’origine iranienne, libyenne, égyptienne et palestinienne, qui ont vécu une expérience personnelle de la répression, se sont réunis pour réaliser le recueil de chansons AZADI: Freedom Songs for Iran (« Chansons de liberté pour l’Iran »), avec le collectif United4iran
De Sarah Shourd, randonneuse américaine détenue de 2009 à 2010 en Iran pour espionnage, à Salome, rappeuse iranienne qui ne peut pas retourner dans son pays, à Soraya Fallah, militante kurde qui a connu la prison et la torture, ils chantent tous pour montrer leur solidarité avec le peuple iranien dans sa lutte pour la démocratie.
Depuis les geôles de sa prison en Iran, une Iranienne a même réussi à faire sortir sa voix. Bahareh Hedayat, étudiante et militante, condamnée à dix ans de prison, chante un ancien air persan dans cette compilation. Elle a pu enregistrer ce morceau lors d’une courte période de liberté provisoire, avant de retourner à la prison d’Evine.
Une autre figure de la résistance, qui s’est fait connaître sur le front libyen en jouant aux côtés des rebelles sous les tirs des mitraillettes, Masoud Bwisri, a également accepté de figurer sur cet enregistrement.
Il y a trois ans précisément, le 15 juin 2009, des millions d’Iraniens gagnaient les rues de Téhéran et d’autres villes du pays pour manifester contre les résultats officiels de l’élection présidentielle de juin. Au moins trois millions de manifestants était annoncé officiellement par la mairie de Téhéran quelques jours plus tard. Les manifestants avaient défilé ce jour-là au centre de la capitale, depuis la place Enghelab (de la Révolution) jusqu’à la place Azadi (de la Liberté).
Cette manifestation, comme celles qui ont suivi, a été réprimée dans le sang. Beaucoup de militants, d’hommes politiques, de journalistes ou de simples manifestants ont été arrêtés, condamnés à des peines de prison, parfois très lourdes. Aujourd’hui encore, une centaine d’opposants reste détenue.
Trois ans après, » le seul moyen de lutter contre l’injustice est d’élever la voix, d’informer et de se motiver « , dit la rappeuse Salomeh.
Ecoutez ici l’ensemble des morceaux de cet étonnant cocktail qui ont été mis en ligne gratuitement, et partagez-les avec vos amis.