Front Line Defenders – 150 jours après leur arrestation, Ali Younesi et Amirhossein Moradi sont toujours emprisonnés privés de l’avocat de leur choix. Ils sont toujours contraints afin de faire des aveux télévisés. D’ailleurs, les autorités les ont informés qu’elles ne les condamneront pas à mort s’ils font des aveux télévisés.
Maintenus en détention depuis 150 jours
Selon IHR, Ali Younesi et Amirhossein Moradi, deux étudiants d’élite arrêtés il y a 150 jours sans convocation légale préalable, n’ont toujours pas accès à un avocat de leur choix.
En outre, selon un de leurs amis, les ordres pour les garder derrière les barreaux sont régulièrement renouvelés. Et en plus de cela, ils subissent des pressions pour faire des aveux télévisés.
Ali Younesi, étudiant en ingénierie informatique à l’université de technologie de Sharif, et Amirhossein Moradi, étudiant en physique à l’université, ont été arrêtés par le service du renseignement des pasdarans sans convocation légale, le 10 avril. Puis ils les ont transférés au pavillon 209 de la prison d’Evine (contrôlée par le ministère du renseignement). Les pasdarans les ont incarcérés dans une cellule plus grande après avoir passé 59 jours en isolement. Les deux prisonniers, considérés comme des étudiants d’élite, ont juste eu le droit de passer quelques appels téléphoniques à leurs familles.
Les presser jusqu’à ce qu’ils avouent
Le 13 juillet, dans un geste sans précédent, le pouvoir judiciaire a organisé une réunion avec des responsables, des professeurs et des associations d’étudiants à l’université de Sharif. Certains d’entre eux ont des liens étroits avec les forces de sécurité. Et cette réunion était comparable à une séance publique d’aveux forcés. Selon les informations publiées à l’issue de celle-ci, Ali Younesi a déclaré clairement : « Je veux juste que mon affaire quitte les locaux du ministère (du renseignement). Qu’elle soit transférée au tribunal pour que je puisse enfin me défendre. Il est indéniable que je m’inquiète pour ma famille qui pourrait avoir des ennuis. »
Le directeur du RSI, Mahmood Amiry-Moghaddam, avait précédemment déclaré que « apparemment, les services du renseignement n’ont aucune preuve crédible contre eux. Les deux étudiants semblent subir des pressions pour faire de faux aveux. »
Selon les informations publiées à l’issue de la réunion, les autorités ont accusé les deux étudiants d’attentats à la bombe et de collaboration avec les Moudjahidines du peuple (MEK). Ces accusations peuvent être lourdement condamnées conformément aux lois de la République islamique. Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Esmaili, a annoncé les accusations portées contre les deux étudiants, le 5 mai dernier.
Des étudiants brillants choisis pour leur lien avec le MEK
Alors qu’il était au lycée, Ali Younesi a remporté l’argent puis l’or aux Olympiades nationales d’astronomie en 2016 et 2017. Lors de sa dernière année de lycée, il a remporté la médaille d’or avec l’équipe nationale iranienne aux Olympiades mondiales d’astronomie de 2018 en Chine. Il étudie l’informatique à l’université de technologie de Sharif.
Amir Hossein Moradi étudie la physique dans cette même université. Il a également remporté l’argent aux Olympiades iraniennes d’astronomie de 2017.
L’arme des mollahs : contraindre à de faux aveux télévisés
Les services de sécurité iraniens ont l’habitude de prononcer de fausses accusations et de contraindre à de faux aveux. Prenons le cas de Maziar Ebrahimi, un citoyen iranien. Le ministère du renseignement l’a été arrêté pour sa participation à l’assassinat de scientifiques nucléaires en 2012. Il a plaidé coupable dans des aveux télévisés. Néanmoins, la justice l’a acquitté et libéré en 2014. En effet, un différend entre les pasdarans et le ministère du renseignement avait permis de l’innocenter. De nombreuses personnes ont été faussement accusés. Vraisemblablement, elles n’ont jamais eu la possibilité de prouver leur innocence.